RENAISSANCE D’UN PRINCE
LA JOURNÉE A ÉTÉ LONGUE et pénible pour Will Smith, comme pour les centaines de figurants parmi lesquels il se fraye un chemin dans la boue louisianaise où se tourne actuellement Emancipation, un film pour Apple+ qui raconte l’histoire vraie d’un esclave surnommé « Whipped Pete » qui, en 1863, s’est évadé d’une plantation en Géorgie. Déjà ce matin, pour bien commencer, un membre de l’équipe a été déclaré positif au Covid et l’ensemble du personnel présent a donc dû passer des tests antigéniques. Puis tout au long de la journée, les orages se sont enchaînés, et comme à chaque coup de tonnerre le règlement exige une pause de trente minutes, on a déjà perdu plusieurs heures de travail. Au-delà de cette seule journée, c’est toute la fabrication d’Emancipation qui a été semée d’embûches. Le tournage devait au départ avoir lieu en Géorgie, mais la production a décidé de le déplacer en Louisiane, afin d’exprimer son désaccord avec un projet de loi mené par les Républicains de l’État qui vise à réduire et à complexifier le système de vote (et sans surprise à défavoriser les Démocrates). Le plateau à ciel ouvert, situé sur des terres extrêmement humides à une heure de la Nouvelle Orléans, impose aux équipes un combat quasi quotidien. « Nous sommes à la merci de Mère Nature », nous confie le réalisateur du film, Antoine Fuqua, qu’on connaît pour le sombre chef-d’œuvre Training Day en 2001, avec Ethan Hawke et Denzel Washington, et plus récemment pour Brooklyn’s Finest ou The Guilty. « À la merci de la chaleur, des tempêtes et du tonnerre, des moustiques, du marécage et des alligators. »
C’est sans parler du sujet du film lui-même. La scène en train d’être shootée, par exemple, montre Will Smith et d’autres personnages d’hommes esclavagisés en train de construire sous la contrainte un énorme pont ferroviaire. Sur l’écran du combo installé près des caméras, on voit Smith filmé en gros plan, devisant à voix basse avec ses comparses sur la meilleure façon de s’échapper, juste assez loin de leurs. Sauf que je n’avais pas envie de faire un film sur l’esclavage qui raconte une vengeance. »
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