À LIRE
’ai déjà traité ici de deux ouvrages (É. Viennot, ; D. Manesse et G. Siouffi, ) qui portaient en partie, mais pas seulement, sur l’écriture inclusive et, de façon plus large, sur la façon dont la langue. En voici un troisième. Patrick Charaudeau part de la définition des notions sur lesquelles il considère qu’il faut se mettre d’accord pour pouvoir débattre. La distinction entre la langue comme système, comme norme ou comme discours, l’histoire de la grammaire ou de la graphie, le genre grammatical, les catégories de genre et de sexe, le neutre, etc. En passant, il explique comment l’importation des en vogue aux États-Unis a donné, en français, au genre un autre sens, produisant une série de dérivés comme , en introduisant une confusion entre le genre grammatical et le genre sexué. Puis il évoque différentes propositions de féminisation de l’écriture ou des noms de métiers, parmi lesquelles, bien sûr, l’écriture inclusive et le point médian, en souligne les inconvénients et les avantages. Bref, il pose les bases d’un débat scientifique en rappelant, je le cite, que pour parvenir à . Mais, au centre de sa réflexion, ce que résume parfaitement son titre, la langue n’est ni sexiste, ni fasciste, ni quoi que ce soit d’autre, c’est le discours qui peut l’être. La différence martelée par Charaudeau entre langue et discours est fondamentale. Lorsqu’on lit avec soin le livre de Victor Klemperer sur la langue du IIIe Reich, on se rend compte qu’il n’y aurait aucun sens à considérer que l’allemand est une langue nazie: les nazis parlaient allemand et c’est dans leur utilisation de cette langue, dans leur discours donc, par différents procédés, qu’ils encodaient leur idéologie. Dire qu’une langue est nazie, sexiste ou fasciste (Barthes s’est laissé aller à cette dernière affirmation) est une grosse bêtise dénuée de sens scientifique. Ce livre permettra peut-être un débat plus serein sur un thème qui excite les passions.
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