JAMES NACHTWEY
VOGUE HOMMES
Pouvez–vous nous citer un exemple de reportage qui vous procure un sentiment d’oeuvre accomplie ?
En 1992, j’ai tenu à rendre compte de la famine en Somalie. J’ai contacté bon nombre des magazines avec lesquelsdu a publié les photos en couverture et sur plusieurs doubles pages à l’intérieur. Le lundi, paraît–il, le téléphone n’arrêtait pas de sonner à la rédaction : les gens voulaient savoir ce qu’ils pouvaient faire pour aider. Dix–sept ans plus tard, j’étais aux Philippines et je travaillais sur un projet pour le 150 anniversaire de la Croix–Rouge internationale. Le chef de la délégation, Jean–Daniel Tauxe, a demandé à me voir dans son bureau. Il se trouvait qu’il était basé à Mogadiscio pendant la famine, et il voulait me remercier car, grâce à mes photos, la Croix–Rouge internationale avait pu mobiliser une aide énorme. Je lui ai répondu qu’il parlait sans doute des images de la presse photographique dans son ensemble, mais il a répliqué : « Non, vos photos du … Elles ont complètement changé la situation. Elles ont attiré l’attention du gouvernement américain, puis celle du Royaume–Uni, de la France et du monde entier. Nous avons bénéficié d’un soutien fabuleux, et nous pouvons affirmer non sans fierté qu’un million et demi de personnes ont survécu grâce à ce qui est, et restera, la plus grande opération de la Croix–Rouge internationale depuis la Deuxième Guerre mondiale. Les photos de James Nachtwey ont tout mis en branle. » J’étais stupéfait. Ses paroles renforçaient ma foi dans le journalisme : elles confirmaient le pouvoir des photos et justifiaient ma carrière tout entière.
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