L’effondrement des insectes.
Les entomologistes appellent cela le phénomène du pare-brise. «Vous verrez que cela parle à tout le monde. On se souvient tous du temps où les insectes venaient s’écraser sur le pare-brise», déclare Wolfgang Wägele, directeur de l’Institut Leibniz de recherche sur la diversité animale à Bonn. Aujourd’hui, les automobilistes passent moins de temps à gratter et à frotter. «Je ne suis pas quelqu’un d’émotif, avoue Scott Black, directeur général de la Société Xerces de protection des invertébrés, qui a son siège à Portland dans l’Oregon. Mais cela me fait quelque chose de ne plus voir tout ce bazar sur la vitre avant.» Certains diront que les voitures actuelles sont plus aérodynamiques et donc moins meurtrières pour les insectes. Mais, lorsqu’il était adolescent dans le Nebraska, Scott Black conduisait une Ford Mustang Mach 1, un modèle de 1969 dont les lignes épurées faisaient sa fierté. «Et je n’arrêtais pas de laver ma voiture. Elle était tout le temps recouverte d’insectes.» L’entomologiste allemand Martin Sorg décrit une tout autre expérience: «Je conduis une Land Rover qui a l’aérodynamisme d’un réfrigérateur, et pourtant elle n’est jamais salie.» Les observations sur les insectes écrasés n’ont rien de scientifique, mais il existe peu de données fiables sur le sort de beaucoup d’espèces importantes. Les chercheurs ont constaté un déclin alarmant des populations d’abeilles mellifères domestiquées, de monarques et de lucioles ; mais peu d’entre eux se sont intéressés aux mites, aux syrphes (mouches rayées de jaune et de brun rappelant la guêpe ou l’abeille), aux scarabées et aux innombrables autres insectes qui volettent et bourdonnent durant les mois chauds. «Nous sommes très doués pour nous désintéresser des espèces peu
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