LES SISMO, l’ère de l’attention
quand ils ont donné un nom à leur studio, Antoine Fenoglio et Frédéric Lecourt ne voulaient pas mettre en avant leurs patronymes pour préserver un statut de créateurs vis-à-vis de leurs clients. Mais l’originalité de leur démarche a eu raison de leur prudence, car, très vite, ce duo disruptif avant l’heure est devenu, aux yeux de tous, les Sismo. Tels de preux chevaliers du design, sans peur et sans reproche, ces férus du Moyen Âge ont eu l’audace ingénue de se lancer directement, tout frais sortis de l’école. Un brin inconscients? Peut-être, mais surtout dotés d’une intuition géniale. Encore étudiant à l’ENSCI, Frédéric est en stage chez Michele de Lucchi quand Antoine le rejoint à Milan. Impressionnés par la différence d’approche du design entre la France et l’Italie, ils décident ensemble de monter un studio sans même attendre d’avoir d’autres expériences: « Il y avait un regard italien sur le design très différent dans sa capacité à faire une approche à la fois artistique, politique, sociale (NDLR, voir Produzione Privata, inspiré par le mouvement de Memphis), ce qui n’empêche pas le studio de travailler sur la stratégie de la Deutsche Bahn ou d’Olivetti; une réconciliation qui n’existait pas à l’époque en France. » Dès le départ, ils optent pour un double positionnement, entre une approche de créateur et une vision plus globale: « On voulait à la fois faire de l’édition d’objets et travailler dans des environnements de grandes organisations et voir ce que peut y apporter le design. » Un postulat visionnaire de l’évolution du secteur, et un pari gagné, en effet, aujourd’hui, l’agence comprend une trentaine de personnes et accompagne des clients variés, depuis le groupe Accor jusqu’à Pôle emploi.
Adoubés par Charlotte Perriand
Janvier 1997 marque leur première participation au Salon du Meuble. Tandis que les frères Bouroullec se font remarquer de leur côté avec leur Cuisine désintégrée, le stand des Sismo propose un vrai manifeste du design. Ainsi, ils dessinent une gamme de mobilier de 25 pièces qui rassemblent des matériaux, des nouvelles » Un jour s’arrête sur le stand une dame d’un certain âge en survêtement blanc, Nike argentées aux pieds, qui s’exclame, les yeux pétillants: « » Charlotte Perriand devient dès lors leur marraine de coeur. Parallèlement, de grands industriels comme Renault ou IKEA, intrigués par la façon dont ils abordent la question du mobilier, des technologies du bois ou d’autres matériaux, demandent au duo de venir sur leur site expliquer sa vision: le travail des Sismo est lancé.
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