Rachmaninov Vêpres op. 37
HISTOIRE, INTERPRÉTATION DISCOGRAPHIE COMPARÉE
Dans les églises d’Orient, les vigiles nocturnes précèdent la divine liturgie. Dans le catalogue de Serge Rachmaninov, la composition de Vêpres (1915) suit, en revanche, celle de la Liturgie de saint Jean Chrysostome (1910). C’est Stepan Smolenski, auprès de qui il étudia les modes anciens à l’Institut synodal de Moscou en 1890-1891, qui lui souffla l’idée de mettre en musique la célébration eucharistique de rite byzantin. Virtuose du clavier déjà fêté jusqu’en Amérique, Rachmaninov n’a pas la réputation de fréquenter assidûment les églises, mais demeure fasciné par le chant profond des monastères orthodoxes.
Renouveau religieux
Empruntant une voie ouverte par Tchaïkovski (Liturgie de saint Jean Chrysostome, 1878) et balisée par son maître en contrepoint Taneïev, il inscrit sa fresque dans le renouveau de la musique religieuse russe, à rebours des influences italo-germaniques ayant court à la chapelle impériale de Saint-Pétersbourg.
Dédiées à Smolenski, mort en 1909, les sont à l’acmé de ce mouvement. Des deux cycles sacrés, c’est le plus dense, le plus cohérent, le plus abouti. Sa dénomination française procède d’un raccourci, sinon d’un malentendu: il s’agit en vérité d’une « Grande louange , cet office géant des veilles de fête qui consiste non seulement en vêpres (n 1 à 6) mais qui inclut aussi les offices de matines (n 7 à 11), laudes (n 12) et prime (n 13 à 15). Encouragé par Alexandre Kastalski, assistant et successeur de Smolenski, Rachmaninov condense en une heure ses quinze numéros, mêlant psaumes, chants de louange, hymnes et autres prières mariales en slavon, langue ecclésiale.
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