Affaire N°22:
The Velvet Underg round contre Andy Warhol Foundation For The Visual Arts, Inc.
DEPUIS LE DÉBUT DES ANNÉES 1960, ANDY WARHOL EST UNE STAR TOTALE. Un touche-à-tout génial qui réécrit avec son langage propre une histoire de l’art qui compte désormais l’Amérique parmi ses têtes de pont. Qu’il est loin le temps où les artistes américains suivaient comme de petits toutous savamment domestiqués les seconds couteaux impressionnistes de Barbizon. Le pop art triomphe, et Warhol exploite les idiomes américains. Iliade et Odyssée transatlantiques peuplés des Popeye, Elvis et Marilyn. Warhol, fils d’immigrés ruthènes, représente le haut du panier du creuset américain. Des mythes qui ne sont pas que des mirages. Un qu’Andrew Warhola Jr maîtrise sur le bout de ses doigts d’esthète: le dollar.
En 1965, Warhol se recentre” On connaît le contenant. Le contenu est pensé et réalisé par le maestro. C’est même marqué dessus. Une banane, tiens. Banane. Imaginée par Warhol himself. Pensée comme un objet sexuel, séditieux, actif plutôt que passif. Pelez doucement et vous verrez derrière la peau une banane couleur chair. Mais aucun copyright (version anglo-saxonne du droit d’auteur qui, à la différence du droit d’auteur français, est séparable de son auteur) n’est déposé. Plus tard, lorsque le mythe aura dépassé la fiction, la Banane le Velvet Underground, l’image absolue du groupe, l’album à la Banane, marque et emblème. Même principe que le kleenex, une marque pour désigner un objet. Le groupe signe avec Verve, le disque ne marche pas. C’est de l’histoire du rock. Warhol est hors sol. Nico hors jeu. Reed paranoïaque. De surcroît, l’hépatite ronge son cerveau malade. John Cale électrifie ses instruments. Le rythme cardiaque du Velvet Underground passe brusquement à Mach 2. “White Light/White Heat” est sur le point de s’écrire.