Vie nouvelle au Nebraska

John rentrait chez lui satisfait. Sa visite hebdomadaire à Denver, dans l’Etat du Colorado voisin du Nebraska où il résidait, avait été fructueuse. Il avait vendu tous ses poulets. Il détachait en sifflotant son cheval de la charrette, quand le fils des fermiers voisins passa au galop devant son ranch. Peter hurlait :

– Ça y est ! Les voilà ! Ils ne sont plus qu’à dix kilomètres de chez nous !

Cette nouvelle fit pousser un cri de joie au jeune fermier :

– Yaaaaaouh !

Et il détala au galop.

Le chemin de fer allait bientôt arriver et ça allait changer sa vie ! Ce serait des centaines de colons qui viendraient peupler la région ! La plupart s’installeraient comme cultivateurs ou éleveurs de bétail. Cette venue en nombre engendrerait forcément la création de villes. S’y concentreraient alors des commerces de toutes sortes : magasins de bouche, barbiers, cabinets médicaux et d’autres encore, indispensables à la vie d’une cité. Il faudrait nourrir cette population et cet accroissement démographique bénéficierait aux fermiers.

John attendait la venue de ce train salvateur depuis des mois.

L’Union Pacific Railroad, chargée de construire une voie ferrée reliant l’est des Etats-Unis à l’ouest avait pris du retard. En cause, le rude hiver précédent qui l’avait forcée à stopper les travaux dans la partie du Nebraska gelée.

L’équipe d’ouvriers, pas moins de mille six cents hommes, s’était trouvée bloquée à North Platte, non loin de chez lui, dans la vallée de la Platte River. C’est ce que Peter, qui s’était alors rendu plusieurs fois sur les lieux, lui avait rapporté. Ce n’était qu’à une cinquantaine de kilomètres à l’est de leurs ranchs respectifs, mais John n’avait pu aller s’en rendre compte par lui-même. Peter, lui, avait de la famille, alors que John était seul à travailler et son élevage de poulets lui laissait peu de temps libre.

Peter avait raconté comment, en quelques jours, une ville s’était dressée au milieu du chantier en arrêt. Il s’y