Théâtre au village

11 – RÉSUMÉ : Les répétitions reprennent, avec Isabelle dans le rôle de Tonia. Un rôle sur mesure pour la jeune fille qui s’étonne elle-même de l’aisance avec laquelle elle joue. Pour Tony, au contraire, les difficultés s’accumulent. Et quand Lorenzo doit demander Tonia en mariage, Tony est incapable de se souvenir de sa réplique. Une voix se fait entendre du fond de la salle. À l’invitation de Sacha, un jeune homme s’approche. C’est François ! Le jeune muet, sous le coup de l’émotion, recouvre la parole. Un miracle, d’après Firmin. Une révélation pour François : son amour pour Isabelle a eu raison de tout. Mais pour l’heure, Tony vient rendre son tablier, enfin… son costume de prince, sans doute un peu trop grand pour lui. (Voir Veillées n^os 3487 et suivants.)

Sacha n’avait plus la force de lutter, de contredire le jeune homme.

Un long silence s’installa, puis Tony prit une inspiration et il lança :

– Prenez François pour faire le prince. Il en rêve, j’en suis sûr. Ça fait des années qu’on le voit traîner au théâtre. Et vous avez vu, ce soir…

Faut-il dire que Sacha y avait confusément pensé, lui aussi ?

– Et puis, il a pas de bide, lui, il est mince comme une ablette, le costume lui ira mieux qu’à moi. Et votre Isabelle, eh ben, à moi, elle me fait peur, elle m’intimide, alors qu’elle et François sont copains depuis toujours.

Il se tut, à bout d’arguments. Mais il devina que l’échec qu’il avouait était aussi celui de Sacha. Il ajouta alors que le metteur en scène n’avait pas complètement raté sa tentative: il lui avait fait aimer le théâtre. Pas en tant qu’acteur, ça, non, le texte, la discipline, c’était pas son truc. Mais il y reviendrait, en tant que spectateur, il viendrait voir la pièce, il le promettait, et tiens, il se mettrait même au premier rang. Les deux hommes se serrèrent longuement la main et Tony partit doucement, presque sur la pointe des pieds, en ne claquant pas bruyamment