Les Veillées des chaumières

Théâtre au village

François continuait à venir au théâtre, moins souvent que les années précédentes lui aussi, mais plusieurs fois par semaine tout de même. Il n’aurait pu se passer de cette odeur si particulière, qui variait selon le temps qu’il faisait, de cette acoustique spécifique et de l’impression de sombre cocon que le bâtiment offrait, même quand il faisait grand soleil dehors. Mais il regrettait la présence à ses côtés de son amie. Les rares fois où elle était venue, il l’avait pourtant fait rire en mimant par exemple une roucoulade ou les contorsions d’une chatte en chaleur quand Marlène, la bouche ouverte et les yeux extasiés, buvait les paroles du metteur en scène. Mais Isabelle avait aussi pu deviner parfois dans la pénombre les regards furieux qu’il lançait vers le plateau, quand Sacha détournait son attention pour suivre des yeux un jupon qui passait par là.

Et pourtant, il n’avait pu s’empêcher d’être émerveillé quand il avait vu dérouler sur le mur de scène l’immense rectangle de carton qu’il avait fait peindre par un artiste local, après l’avoir dessiné lui-même, et qui constituait un des décors, où figuraient un pont-levis et des tours crénelées. Il devait servir pour le premier acte, au cours duquel avait lieu l’arrivée du prince au château. Sacha avait même inventé, et financé lui-même, murmurait-on, une machinerie sophistiquée qui permettait de ranger les panneaux sans les plier. Les Bussenets chargés des changements de décor s’arrachaient d’ailleurs les cheveux. « Plus vite ! Plus vite ! ne cessait-il de répéter, pas de temps mort ! » Les changements d’actes devaient être fluides, passer quasiment inaperçus, sauf celui qui donnait le signal de l’entracte, bienvenu pour les postérieurs endoloris des spectateurs, ravis d’aller se dégourdir les jambes et se rafraîchir à la buvette installée dans la prairie avant que le son d’une trompette ne les rappelle dans la salle obscure pour la suite du spectacle.

Bien des années plus tard, celle où on jouerait la plus célèbre pièce d’Alfred Jarry, ils y

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