Ideat

Edra Palazzo Durini : un écrin aristocratique de choc

 la fois patrimoine vivant et incarnation d’histoires de familles aristocratiques éprises d’art et de création, le palais Durini Caproni di Taliedo, l’un des plus grands de Milan, a été conçu entre 1645 et 1648 par le célèbre architecte lombard Francesco Maria Richini (1584-1658) pour don Giovanni Battista Durini di Monza (1612-1676), comte, banquier et marchand. Aujourd’hui, sous les plafonds de bois sculpté et doré, les clients potentiels du nouveau showroom d’Edra (qui s’est associée dans cette aventure au distributeur de mobilier Vago Forniture) gravissent un bel escalier en marbre rouge de Vérone, menant au (l’étage noble). La norme ici, c’est l’antichambre recouverte de trompe-l’œil et de médaillons peints. Dans la plus grande salle, les maisons, musées, showrooms ou magasins haut de gamme. Pendant l’occupation espagnole de Milan, les Durini ajoutent un balcon pour que leur invité, le gouverneur espagnol Luis de Guzmán Ponce de Leon, puisse s’adresser aux Milanais. Ce balcon est, aujourd’hui, sur la tour du château des Durini, près de Côme. En Italie, les arts traversent les siècles et parfois l’espace. Vers 1922, Paola Durini vend le palais au sénateur Giuseppe Cesare Borletti, qui demande à l’architecte Piero Portaluppi de le restaurer avant de le céder en 1925 à Giovanni Battista Caproni di Taliedo. Cet industriel, pionnier de l’aéronautique et collectionneur d’artistes futuristes, louait déjà le premier étage. Timina Caproni di Taliedo, son épouse, fait appel à l’architecte Attilio Spaccarelli pour le rénover après la guerre. Cette véritable propriété dans la ville restera dans la famille Caproni jusque dans les années 80. On y trouve aussi bien de somptueux appartements que des sièges sociaux d’entreprises. C’est dans ce lieu chargé d’histoire que les sofas, les fauteuils et les luminaires d’Edra instaurent désormais un dialogue, où la magnificence ne fait pas oublier pour autant les fondamentaux de la marque mais aussi du design, de la décoration et de l’architecture intérieure. La première idée est de laisser parler les meubles entre eux. Essayer de les associer également sans préjugés d’origine, de couleur, de date de naissance ou de forme. Chez Edra, hors de question de se réfugier dans le convenu. Notre œil et notre culture personnelle doivent avoir intégré que chaque réalisation d’Edra, aussi sophistiquée soit-elle, émerge d’abord de l’esprit d’un créateur, à considérer comme un auteur. Un peu comme si, dans une bibliothèque, il ne fallait pas craindre d’associer les livres et les faire dialoguer entre eux, au-delà des univers et des époques. Le showroom Edra Palazzo Durini est une invitation en forme de démonstration. Et la collection, en son décor, incite le client particulier ou l’architecte d’intérieur à se jeter dans son projet avec audace, mais non sans filet. Les formes et volumes auxquels les designers et créateurs, de sensibilité fatalement artistique, donnent le jour sont autant étudiés que le confort sans lequel ces meubles n’existeraient pas. La grande leçon d’Edra est de souligner que l’excellence italienne du « made in Italy » est une chose ancienne. L’espionnage industriel a pris son essor quand, pour les beaux yeux du Roi-Soleil et pour bâtir Versailles, il a fallu découvrir le secret des miroirs vénitiens. Les fresques à thèmes du palais rappellent qu’elles sont le fruit d’expérimentations artistiques, techniques et artisanales. Elles doivent leur aspect unique à la main, à l’œil et à la sensibilité d’un artisan en particulier. Edra, pourtant on ne peut plus à l’aise dans la modernité du XXI siècle, est aussi héritière de cette vieille façon, non conservatrice, de rechercher l’excellence. Le designer gallois Ross Lovegrove s’est un jour un peu agacé de la facilité avec laquelle le monde de la création en Italie pouvait facilement se poser en successeur de Léonard de Vinci. Il n’en est pas moins vrai que, là-bas, il est courant de photographier et de promouvoir la production contemporaine, en mode ou en design, sur fond de palais. En France, gare à l’éditeur qui shooterait ses créations au château de Chantilly! Il passerait pour trop classique, voire Ancien Régime…

Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.

Plus de Ideat

Ideat2 min de lecture
Actus Co
Avec son effet bois, la collection de carreaux de céramique d’extérieur « Vancouver » met en valeur les espaces dans une élégance intemporelle. En plus des versions antidérapantes, idéales pour les terrasses et les bords de piscine, cette ligne peut
Ideat2 min de lecture
Couleurs Et Matières
Qui a dit que le doré était dépassé ? Certainement pas Gandiablasco, qui offre à ses collections de mobilier d’extérieur un tout nouveau revêtement couleur or. Pour obtenir cette finition, la structure en aluminium est d’abord nettoyée et prétraitée
Ideat2 min de lecture
Créatures Énigmatiques
«Vous savez, à Chaumont-sur Loire, on ne recule devant rien », prévient Chantal Colleu-Dumond, directrice du domaine et commissaire des expositions. Cetteannée, pour la Saison d’art qui se tient du 30 mars au 27 octobre, le parc du château accueille

Associés