Ne me quitte pas de Jacques Brel L’anti-chanson d’amour
Le grand Jacques était une bête de scène. Impétueux, tonitruant, indomptable. Un mustang du plat pays que même le public ne parvenait pas à apprivoiser. Il ruait, tonnait, ignorait toutes les barrières, libre comme personne en concert. C’est là, dans son milieu naturel, plutôt qu’entre les quatre murs d’un studio d’enregistrement, qu’il a d’ailleurs imaginé nombre de ses chansons les plus marquantes. Avant même, donc, de les graver sur disque.
C’est ainsi qu’en novembre 1959 il interprète pour la première fois, en tête d’affiche à Bobino, à Paris, son immense qui devient son premier grand succès, puis son plus gros succès. Les spectateurs ont appris à : à l’Alhambra de Paris en première partie de Zizi Jeanmaire en février 1957, à l’Olympia en novembre 1958 en vedette américaine de Philippe Clay – qu’il surpasse sans forcer – ou en mars 1959 en vedette aux Trois Baudets de Jacques Canetti, son «découvreur ». Mais ce soir de novembre 1959, le public est soufflé par l’interprétation, voire l’incarnation, de écrite par Brel et composée un soir de tournée en province avec son pianiste accompagnateur de concert, Gérard Jouannest. Il y a dans son regard toute la supplication, la détresse, l’humiliation même que les mots qu’il a écrits ne suffisent pas à exprimer.
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