Gustavo Dudamel Un Vénézuélien à Paris
Depuis l’annonce officielle de sa nomination comme directeur musical de l’Opéra de Paris le 16 avril, Gustavo Dudamel, qui a pris ses fonctions au 1er août, ne se départ pas de son sourire et de son amabilité légendaires quand il entend pour la centième fois la même exclamation de surprise. L’opéra? Mais vous êtes un chef symphonique! Ceux qui ont eu la chance de suivre sa carrière au fil des années savent pourtant combien le théâtre lyrique lui est cher, et avec quelle gourmandise il le pratique. Le choix des Parisiens ne s’est d’ailleurs pas fait à l’aveugle, mais avec en tête le triomphe d’une Bohème de Puccini fin 2017. Cependant, le parcours du tout récent quadragénaire, enfant du Sistema vénézuélien comme il aime à le rappeler, et promoteur autour du globe des projets qui s’en inspirent en faisant de l’éducation musicale et de la pratique orchestrale un levier d’inclusion sociale, a naturellement compté dans le choix d’Alexander Neef, nouveau directeur général de la Grande Boutique (cf. interview p. 28). Coup de communication avec un jet-chef attrapé au filet à grands frais (le montant du contrat est tenu secret)? Ou véritable prélude à une ère nouvelle? Pour faire preuve d’un optimisme raisonnable, on se souviendra que le chef n’a jamais eu pour habitude d’accepter un engagement sans s’y investir à cent pour cent. Commençons donc par la question faussement naïve : alors, Gustavo Dudamel, vous allez diriger de l’opéra?
Le Maestro Abreu [fondateur du Sistema vénézuélien et professeur de Gustavo Dudamel, décédé en 2018, ndlr] adorait l’opéra. Les récitatifs de à Caracas à dix-huit ans, et j’ai eu la chance d’apprendre mon Wagner auprès de Daniel Barenboim à Berlin. La Scala a ensuite régulièrement fait appel à moi comme chef invité pour Verdi, Bizet ou Puccini. A Los Angeles, j’ai dirigé de nombreuses versions de concert ou mises en espace d’un répertoire lyrique allant de Mozart à John Adams, au Walt Disney Hall comme au Hollywood Bowl. Si je n’ai donc jamais encore été à la tête d’une maison d’opéra, c’est un monde avec lequel j’ai grandi – et commence à vieillir, déjà!
Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.
Démarrez vos 30 jours gratuits