Les enfants malades des maths
“Les élèves français ne sont pas habitués aux modalités de passation de ces évaluations”
“Attention, résultats en baisse”, “Peut mieux faire”, “Nettement en dessous de la moyenne”… S’il fallait établir le bulletin scolaire de notre pays sur la base des performances en mathématiques des petits Français, voici probablement les commentaires qui y seraient portés. Un niveau faible, et en baisse, déjà constaté il y a plusieurs années mais que deux évaluations internationales publiées en 2019 ont encore confirmé. Dans l’enquête TIMSS (Trends in International Mathematics and Science Study), qui évalue les compétences en mathématiques des élèves de CM1, la France arrive 41 sur 58 pays ou provinces, et avant-dernière des pays de l’OCDE. Dans cette même évaluation, les élèves de 4 ne font pas mieux : avec un score de qui avaient passé la même évaluation en 1995, le score a baissé de 47 points en vingt-quatre ans ! Et ce n’est pas seulement le niveau général qui est faible, la capacité de la France à produire une élite est également à l’arrêt : elle n’amène que 2 % de ses élèves au niveau avancé en mathématiques, alors qu’ils sont en moyenne 11 % dans les autres pays européens ou de l’OCDE. L’évaluation PISA (Programme for International Student Assessment), passée en 2018 par 6 300 adolescents français âgés de 15 ans, est un peu moins alarmiste puisque la France se situe légèrement au-dessus de la moyenne de l’OCDE, mais elle met en avant une autre triste particularité: les résultats de nos élèves sont parmi les plus fortement corrélés avec le niveau socio-économique et culturel des familles. Autrement dit, les meilleurs élèves sont majoritairement issus des classes socio-économiques les plus favorisées et les moins bons élèves se trouvent surtout dans les milieux défavorisés, et ce bien plus que chez nos voisins européens. , relativise Jean-Paul Fischer, chercheur en psychologie des apprentissages mathématiques à l’université de Lorraine. Ainsi, dans l’évaluation TIMSS 2019 des élèves de CM1, l’Espagne ne surclasse la France que de 17 points, alors que l’écart dépasse les 150 points quand on se compare avec des pays comme les Philippines ou le Pakistan. Il faut également regarder ce qu’évaluent ces classements. Alors que TIMSS s’intéresse aux notions acquises, PISA jauge plutôt la capacité à résoudre des problèmes liés à la vie quotidienne. Ainsi, les résultats plus catastrophiques à l’évaluation TIMSS s’expliquent-ils en partie par une proportion d’exercices impliquant des notions qui ne figurent pas au programme français. Ou qui n’y figurent plus. , poursuit Jean-Paul Fischer. ajoute Sébastien Planchenault, président de l’Association des professeurs de mathématiques de l’enseignement public,
