Le dernier équipier de Guynemer
Benjamin Bozon-Verduraz
Jean Séraphin Benjamin Emmanuel Bozon-Verduraz naît le 29 mai 1889 au domicile de ses parents dans la commune savoyarde de Saint-Étienne-de- Cuines. Son père Emmanuel est l’un des plus importants notables de la vallée de la Maurienne : issu d’une famille de riches paysans, il a fondé en 1884 avec son grand-père Jean-Pierre une fabrique de pâtes utilisant l’électricité produite par une petite centrale construite sur le Glandon, le torrent traversant la commune.
Les établissements Bozon-Verduraz deviennent très vite prospères, employant dans toute la vallée de la Maurienne et au-delà. Le village de Saint-Étienne-de-Cuines s’en trouve bouleversé. Emmanuel Bozon-Verduraz, qui en devient le maire de 1896 à 1908 et de 1912 à 1925, gère sa société en patron paternaliste et fait construire un pensionnat qu’il confie à des religieuses pour accueillir ses jeunes employées, ainsi qu’une cité ouvrière pour loger les familles et des villas pour ses personnels d’encadrement.
C’est donc dans un milieu familial particulièrement aisé que grandit le jeune homme, qui prend Benjamin comme prénom d’usage, en compagnie de son frère Léon qui naît deux années plus tard. Les deux garçons peuvent réaliser des études prolongées : pendant que Léon conduit des études d’ingénieur, Benjamin, après son baccalauréat en sciences, réussit un brillant parcours à l’École des hautes études de commerce comme l’indique le bulletin de la chambre de commerce de 1909. Il est ensuite appelé pour son service militaire le 1er octobre 1910, au 11e régiment de dragons à Belfort. Son éducation lui permet de prendre du galon et il est nommé au grade de brigadier le 3 avril 1911. Le 23 mai, il est victime d’un cheval récalcitrant qui le projette au sol lors d’une séance de dressage et le laisse avec de violentes douleurs à la tête et au genou. Il se remet tant bien que mal et obtiendra sa promotion au grade de brigadier fourrier le 11 juillet 1912, puis au grade de maréchal des logis à la fin de son service militaire le 25 septembre 1912, date à laquelle il est affecté dans la réserve dans un régiment de cavalerie légère de Chambéry.
Il retourne alors à Saint-Étiennede-Cuines et seconde son père à la direction de la société qui s’agrandit à d’autres établissements. Mais il ne pourra goûter qu’à peine à deux années à la vie civile : la mobilisation générale le régiment de hussards de Chambéry. Après avoir combattu brièvement dans les Vosges, son unité participe à la course à la mer et se retrouve à combattre dans les Flandres, puis sur la Somme au début de l’année 1915, avant de participer à l’offensive de Champagne où le régiment combat à pied au mois de septembre avec des pertes sensibles.
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