LE MYSTÈRE DES MORTS DE TELL BANAT
Aujourd’hui, la région de Tell Banat, à l’est de la Syrie, est noyée sous les eaux de l’Euphrate… Mais avant la construction d’un barrage sur le fleuve mythique en 1999, s’y dressait une colline claire qui dominait ce qui était alors une vaste plaine. « Désormais, nous pouvons parfois en voir l’extrémité, comme une ombre noire juste sous la surface du lac », décrit l’archéologue Anne Porter (université de Toronto). La spécialiste connaît bien cette butte submergée, elle en a codirigé les fouilles de sauvetage entre 1988 et 1999. Car celle qu’on appelait le White Monument en hommage à sa blancheur n’avait rien de naturel : il s’agissait du point d’orgue d’un immense complexe funéraire, vieux de cinq mille ans.
S’y présentait un promontoire où était édifié un premier tombeau à l’architecture monumentale (Mortuary Mound II) cerné d’un mur d’enceinte, autour duquel s’organisaient des tombes à chambres ou à détaille Anne Porter. » Bâti à l’écart de ce promontoire, le White Monument apparaissait comme le second édifice saillant de ce paysage à l’âge du bronze, face au petit mont de Jebel Bazi. Et si, dans les années 1990, ses pentes paraissaient lisses, les archéologues ont pu établir qu’à l’origine il présentait plutôt un jeu de plateformes, évoquant les ziggourats mésopotamiennes… « réfléchit Anne Porter. » « admet l’assyriologue Philippe Abrahami (université de Lille). » L’architecture du site s’est en effet avérée aussi atypique que sa fonction.
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