Culture club
Métallurgiste du vêtement, prédicateur du dimanche… on a tout dit à propos de Paco Rabanne, couturier mythique et mystique. Sauf peut-être comment il a œuvré pour la communauté artistique noire dans les années 1980. Astrid Faguer raconte les premières heures de son club, le Black Sugar à Saint-Germain-des-Prés, de son centre culturel boulevard de la Villette et de sa maison de disques.
Paco Rabanne est loin d’être fou. Retiré des podiums depuis 2002, le créateur et homme d’affaires basque de 87 ans vit désormais dans le Finistère nord, à Portsall, petite bourgade isolée de 6000 habitants. Il ne répond plus aux médias et n’a plus de lien avec la maison de mode qui porte encore son nom. « Je le connais très bien, raconte Kathy Jean-Louis qui fut sa muse pendant vingt ans. Que ce soit au magazine le plus célèbre ou à la chaîne de télévision la plus regardée, il ne veut plus parler. Et quand Paco prend une décision, c’est irrévocable. Il a toujours été très têtu. » Rolande Pozo, son attachée de presse pendant plus de vingt-six ans, jointe par téléphone, le confirme : une lettre manuscrite envoyée à son domicile breton n’y changera rien. « Vous savez, je suis basque et les Espagnols disent que nous sommes tellement têtus que nous cassons les cailloux avec notre crâne », confessait déjà le couturier dans la revue trimestrielle Nouvelles du Sud, en 1985 – à l’époque où il donnait encore des interviews.
On le sait, Paco Rabanne, avant Yves Saint Laurent même, a mis la beauté et l’identité noire à l’honneur sur les podiums de haute couture. En 1964, il est le premier à habiller unle journaliste Gérard Lefort expliquait : « Rabanne est toujours interdit de parution dans la presse de mode américaine parce qu’il montre ses créations sur des mannequins noirs. »
Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.
Démarrez vos 30 jours gratuits