LA GRENADE et le reste
Quelque chose me va directement au cœur lorsque j’entends la voix de Clara Luciani, notre de ce numéro : un mélange de gravité et de candeur, un mix entre la nécessitéest devenu un hymne qui dépasse l’époque pour dire la force d’une femme. Surtout, lorsqu’elle chante, elle parvient à renverser les perspectives et brouiller les pistes : j’ignore souvent à qui elle s’adresse et de quelle perspective elle parle. S’emparer des armes du masculin pour en faire des objets à soi, quel que soit le genre dans lequel on évolue. Le faire pour parler d’amour d’une façon différente et forte. Parler à un garçon en lui disant que ce qu’on garde de lui, c’est le souvenir de son cul (c’est dans son tube de l’été, cette merveilleuse chanson qui s’intitule : voilà ce que l’on avait envie d’entendre depuis des années et qui, chanté par elle, se dévoile aussi beau et profond que l’était, au hasard, la fragilité gothique de Nick Cave filmée dans les années 1980 par Wim Wenders. On aimerait que quelqu’un filme ainsi Clara, qui est aussi belle et tragique que les personnages de son film de chevet, de Jacques Demy (1967) : qu’on la filme de près, pour voir à quel point cette grande jeune femme porte en elle tout ce qui fait la vitalité d’un être, sa singularité et sa force, la grandeur de ses positions, sa belle fragilité. La grenade, c’est bien elle. Le reste, on le laisse.
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