COURTE HALTE DANS LA LONGUE MARCHE ЙDITORIAL LE DERNIER GЙANT
Alain Delon est de retour. Invisible depuis deux ans, après qu’une hémorragie cérébrale a failli l’emporter, il s’est remis sur pied dans son refuge de Douchy, loin du vacarme, de la foule et de l’épidémie. Tout juste en juillet). Le voilà donc debout, franc et souriant comme jamais. Une légende vivante, au sens propre. À le voir ainsi revigoré, on songe à l’anaphore du général de Gaulle – référence qu’il appréciera – en 1944: Delon terrassé ! Delon diminué ! Delon esseulé ! mais Delon libéré ! Est-ce le même ou un autre homme ? Les deux. À 85 ans, le plus grand acteur français n’a pas fini d’être lui-même tout en jouant des personnages. Sa vie est faite de films, mais elle ressemble à un roman. Il a connu la guerre et la gloire, senti le soufre et ressenti la souffrance, été adoré et déchiré. Né sous une bonne étoile, il s’est toujours vu comme une star et il a eu raison. «Je me suis démerdé rageusement, férocement pour être Delon», confiait-il à Jean Cau dans nos colonnes, en 1980. « J’aime être le premier et je ne le cache pas », précisait-il. À présent, il est le dernier : celui qui reste au générique, ses femmes sont parties avant lui, ses égaux ont quitté la scène, son ego lui sert d’armure. La solitude le guette et la mélancolie l’assaille mais il fait des projets – encore un film, nous révèle-t-il, si possible dirigé par une femme. À l’inverse de Dorian Gray, Delon s’est laissé vieillir sans se trahir; son envoûtante beauté n’est plus, c’est une étonnante bonté qui transparaît au fil des phrases, une douceur qu’on ne lui soupçonnait pas. Il aime ses enfants, ses souvenirs, ses amours, sa mère et la chance, la France et son public. Pour le temps qui lui vient, il a encore un rôle à tenir: le sien.
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