Le Maine ou les fortunes de la vertu
Lors de l’élection présidentielle de novembre 2020, la petite ville du Maine dans laquelle je vis — Wiscasset (3 732 habitants) — s’est coupée en deux. La moitié a voté Biden ; l’autre, Trump. Et, comme nous sommes en Amérique, chacun faisait connaître ses allégeances politiques par les pancartes plantées sur sa pelouse. Plusieurs de mes voisins avaient des panneaux « MAKE AMERICA GREAT AGAIN » et des bannières Trump/Pence. Ceux d’en face avaient mis une affiche disant qu’ils soutenaient le personnel soignant… annonçant ainsi clairement leurs sympathies démocrates. Il y avait des pancartes à la gloire de la police (de sérieux républicains), et puis celle qu’avait commandée ma fille pour notre jardin pendant le confinement d’avril 2020 :
Black lives matter [« la vie des Noirs compte »].
Les droits des femmes sont des droits humains.
Aucun humain n’est illégal.
La science dit vrai.
L’amour n’a pas de sexe.
La bonté avant tout.
Quand nous avons planté ce panneau devant notre majestueux érable, je me suis demandé si un crétin n’allait pas venir une nuit le vandaliser. Mais, quatorze mois plus tard, il est toujours là, intact. Un peu plus loin dans la rue, des partisans de Trump avaient mis devant chez eux une pancarte informant les passants qu’ils étaient pour l’expulsion de tous les immigrés clandestins, et pour la défense inflexible du deuxième amendement (celui qui confère à
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