LES JEUX DE L’ACTRICE
« Anya est à la fois téméraire et intuitivement vulnérable, différente et étrange, simultanément portée vers l’ombre et la lumière. »
DAVID O. RUSSELL, RÉALISATEUR
Lorsqu’elle apparaît à l’écran, c’est une jeune femme de 24 ans, à l’allure très sobre, presque passe-partout – ample T-shirt noir à manches longues, cheveux blond platine sagement rangés derrière les oreilles, pas de maquillage... – jusqu’à ce que l’on aperçoive ses ongles spectaculairement manucurés, ciselés comme de minuscules dagues : « C’est pour mon personnage, se justifie Anya Taylor-Joy en agitant les mains devant la caméra. Ce ne sont pas vraiment mes ongles ! »
Pour cette première rencontre, par visioconférence en décembre 2020, l’héroïne du Jeu de la dame (The Queen’s Gambit en VO) se trouve à Los Angeles où elle tourne le très mystérieux prochain film de David O. Russell (déjà connu pour Happiness Therapy, Fighter ou Les Rois du désert) aux côtés d’une distribution à couper le souffle: Robert De Niro, Margot Robbie, Chris Rock, Christian Bale, Mike Myers... Ce sera son seizième long métrage en à peine sept ans de carrière, mais elle ne peut s’empêcher de se demander ce qu’elle fait au milieu de ces mastodontes du cinéma. « Je suis un bébé, franchement... C’est insensé de me retrouver ici. »
Le réalisateur, à qui nous avons demandé pourquoi il l’avait choisie, nous a répondu qu’il trouvait Anya « à la fois téméraire et intuitivement vulnérable, confiante d’une manière qui lui est propre... Différente et étrange, simultanément portée vers l’ombre et la lumière » – un commentaire qui résonnera chez toutes celles et tous ceux qui ont vu la comédienne crever l’écran dans la mini-série qui a réuni 62 millions d’internautes l’automne passé sur Netflix. Le Jeu de la dame a séduit le public par sa sophistication esthétique, sa façon de montrer les échecs sous un angle inédit, mais aussi par sa tension sexuelle latente, et surtout grâce à l’interprétation qu’Anya Taylor-Joy livre du personnage de Beth Harmon, joueuse d’échecs surdouée mais gavée d’anxiolytiques.
« Je pense que je comprendrai ce qu’il m’est arrivé cette année d’ici cinq ans », explique-t-elle avec une franchise non feinte. Récemment, elle a tout de même eu l’occasion de prendre un peu conscience de l’effet produit par son interprétation et par la portée de son personnage: une nuit d’insomnie jetlaguée, alors qu’elle venait d’arriver à Los Angeles, elle a décidé d’aller prendre l’air plutôt que de rester
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