TONY ALLEN
“La musique ne s’arrête jamais”
QUAND ON DEMANDAIT A DAMON ALBARN, LORS DE LA PROMOTION DU SECOND ALBUM DE THE GOOD, THE BAD & THE QUEEN, si Tony Allen faisait “seulement” les parties de batterie, sa réponse fusait, accompagnée d’un éclat de rire: “Comment pourrait-il s’occuper uniquement de ses drums?” Car Tony Allen était bien plus qu’un batteur.
Organique et mécanique
Combien de musiciens peuvent-ils s’enorgueillir d’avoir créé un genre musical? Tony Allen, avec, expliquait Fela, avec qui il enregistra une quarantaine d’albums. L’afrobeat est né au Nigeria avec ces deux géants du rythme. expliquait Tony en 2018. Et c’est sur ce tempo complexe et dansant à la fois que va se bâtir sa réputation. Un tempo issu des rythmes yoruba, du funk de James Brown et du jazz de Max Roach ou Art Blakey qui se retrouve aujourd’hui dans toutes sortes de styles, de la pop urbaine au hip-hop en passant par certaines émanations fusionnelles du rock. Un an après le décès de Tony Allen, le 30 avril 2020, c’est un disque inclassable qui voit le jour. Si “There Is No End” est marqué par le hip-hop, il témoigne surtout de la créativité de ce musicien extraordinaire, considéré par Brian Eno comme . Car Tony a partagé ses rythmiques sophistiquées avec les meilleurs. En 1980, il s’allie à Roy Ayers pour “Music Of Many Colours”. En 2000, le producteur français Doctor L (FFF, Assassin) s’assure ses services. La même année, Tony se frotte au reggae sur le LP du vétéran jamaïcain Ernest Ranglin. On peut l’entendre en 2004 avec Sébastien Tellier (single “La Ritournelle”), en 2007 sur l’album “5.55” de Charlotte Gainsbourg, avec le technoïde Jimi Tenor en 2009, Cerrone en 2016, la chanteuse malienne Oumou Sangaré et le rappeur/DJ/prof de yoga Gonjasufi en 2017. En 2018, il rencontre le DJ techno Jeff Mills, avec qui il enregistre un album entre groove organique et mécanique, “Tomorrow Comes The Harvest”, qui fait exploser les frontières entre les styles.
