COKE SUR LES DOCKS
D‘ABORD, IL Y A LA LUMIÈRE. Un choc: la mer, le ciel, la rade et le panorama à perte de vue. À la sortie du tunnel qui dégringole jusque dans ses entrailles par l’autoroute nord, Marseille offre son versant le plus spectaculaire. Un enchevêtrement insensé de collines, d’installations artisa-nales ou industrielles, de petites maisons et de barres de béton – au pied desquelles rappeurs et footballeurs, dont certains sont devenus des stars mondiales, ont grandi, dans des quartiers désormais régis par le commerce de la drogue. Et puis à mesure que la route poursuit sa folle descente, le port et ses bassins, sur 12 kilomètres de litto-ral. Marseille, la mer, le port… Un triptyque constitutif d’une longue et vieille histoire magnifiée par Albert Londres, d’une porte du Sud ouverte sur le monde et le commerce, le regard vers les anciennes colonies, les Amériques et l’Asie.
De la purée de banane
Il est tôt ce jeudi 27 février 2020 quand un poids lourd se présente à l’entrée du port, au petit matin. Il transporte deux conteneurs, dont l’un destiné au Maroc, avec ses marchan-dises. Sur la zone de déchargement, un chariot élévateur cavalier en déplace un pour le poser à côté d’un troisième conteneur, déjà à quai celui-ci: embarqué à Houston (États-Unis), il a fait étape à Carthagène (Colombie) puis à Al-Jazirah (Émirats) avant de sillonner la Méditerranée jusqu’à sa destination finale. Soudain, l’espace d’un éclair, des hommes en jaillissent. En moins de dix minutes, les ma-nutentionnaires clandestins transfèrent quatre-vingt-dix sacs de sport d’un
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