L’INVENTION D’UNE TRADITION
Parler de « tradition » à propos de l’Académie française semble s’imposer par le nom même qui la désigne : en renvoyant aux jardins athéniens d’Akadêmos, où Platon enseignait la philosophie à ses disciples, ce nom inscrit l’exigence académique sous le signe de l’idéal et de la pérennité. La Renaissance italienne avait repris cette ambition en toute connaissance de cause, lorsque Laurent le Magnifique plaça sous sa protection, dans la Florence des années 1460, une académie ouvertement platonicienne animée par le philosophe Marsile Ficin. C’est dans cette lignée qu’un siècle plus tard, en 1570, le poète humaniste Jean-Antoine de Baïf voulut consacrer l’activité de son académie à l’alliance de la musique et de la poésie, en la plaçant sous la protection officielle du roi Charles IX, avant qu’elle ne devienne l’Académie du Palais sous le dernier Valois, Henri III, qui l’installa au Louvre même. Monarque hautement raffiné et cultivé, Henri III encouragea les poètes comme Ronsard ou Desportes à se détourner du pur souci poétique, pour prononcer des discours en prose portant sur des sujets de philosophie morale, ce qui prouve à quel point, aux yeux du monarque, cette « académie » avait vocation à renouer avec l’ambition de l’Académie antique.
L’INFLUENCE DU MODÈLE ITALIEN
Toutefois, un autre modèle s’affirmait, à la même époque, outre-monts : revendiquant le même titre,
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