Une histoire de notre temps
rapidement : Amanda Gorman, jeune poétesse noire, acquiert une foudroyante notoriété en lisant un de ses poèmes pendant l’investiture de Joe Biden. Une maison d’édition prestigieuse aux Pays-Bas, Meulenhoff, décide de publier ses œuvres et en confie la traduction à Marieke Lucas Rijneveld, célèbre depuis que son premier roman, , a été récompensé par le plus grand prix international de littérature, le Booker Dégoûtée par le tohu-bohu, la traductrice pressentie abandonne le champ de bataille. Meulenhoff déclare avoir et cherche désormais pour traduire la jeune prodige américaine. Le métier d’éditeur – depuis l’affaire Rushdie – est devenu un métier exposé. Les menaces du terrorisme d’abord, les multiples crispations de l’opinion ensuite, l’ont sorti de sa bulle intellectuelle. Les USA ont vu naître les « », les relecteurs chargés de traquer les offenses à la sensibilité publique, en particulier à celle des minorités. Mais tout cela n’explique pas l’étrange défense de Meulenhoff qui a cherché à désarmer ses détracteurs en donnant des gages sur le terrain de l’apaisement idéologique. Les communiqués ont souligné la personnalité de la traductrice, comme si c’était un préalable de compétence. Ils l’ont définie et ont applaudi (elle s’est, dès l’adolescence, ajouté un deuxième prénom masculin : Lucas). Trop c’est trop ! Cette stratégie de l’embrassade douce est comique. Et en plus elle ne sert à rien. En toute circonstance, tenter d’amadouer des militants est une pieuse illusion. Marieke Lucas Rijneveld reste à leurs yeux une créature très blonde, aux yeux trop clairs et à la peau de porcelaine : devant tant de défauts son talent ne pèse pas lourd.
Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.
Démarrez vos 30 jours gratuits