A l’ombre des temples
Le soleil montait dans le ciel poussiéreux de Deoghar, l’une des villes saintes de l’Inde. Neela clignait des yeux devant la lumière.
Seule au milieu de la foule, son sac de sport au bout du bras avec le peu de choses qu’elle avait pu emporter, elle ne pouvait pas imaginer pire situation que ce qui lui était arrivé. Son mari était mort il y a déjà un mois. Cet homme âgé qu’on lui avait fait épouser quand elle n’avait pas encore 13 ans avait été renversé par une voiture. Elle ne l’avait jamais aimé et lui n’avait jamais été affectueux avec elle ; l’amour, elle ne savait pas bien ce que c’était. C’était pour les déesses du Mahabharata et les actrices de la télévision !
Douze ans plus tôt, elle avait quitté son bourg agricole pour Deoghar, la grande ville du Jharkhand. On avait félicité son père pour le riche mariage de sa fille qui entrait ainsi dans une famille de fonctionnaires.
Elle, elle était entrée dans le lit de Ramesh en fermant les yeux. Depuis ce jour-là, elle avait dû supporter les continuelles brimades de sa belle-mère, Savitsi Basit, toujours prête à l’humilier – surtout parce qu’elle ne donnait pas d’enfant à son cher fils aîné.
A 40 ans, Ramesh avait déjà usé deux épouses sans pouvoir procréer. Quand le médecin avait osé suggérer qu’il devrait consulter, Savitsi l’avait chassé et avait changé de docteur.
Chaque matin, Neela préparait consciencieusement le repas de midi de son mari qu’il mangerait à son bureau. Chaque soir, elle savait qu’il traînait après le travail dans les bars de Deoghar et qu’il fréquentait d’autres femmes. Elle se taisait et se laissait faire quand il avait envie d’elle. Elle n’était pas heureuse mais elle mangeait à sa faim, à l’inverse de ses sœurs restées à la campagne. Elle était la belle-fille de l’arrogante Savitsi Basit. Elle était quelqu’un.
La mort de Ramesh avait tout mis par terre. Dans d’autres familles, on l’aurait
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