Complotisme, fake news, clashs… qu’avons-nous fait de nos cerveaux?
En 2020, près de 70 antennes-relais 5G ont été endommagées dans différents pays. A l’origine de ces attaques, une théorie du complot farfelue rendant les ondes électromagnétiques responsables de la pandémie de Covid-19. En 2020 aussi, un documentaire conspirationniste, Hold-Up, véhiculant l’idée que l’épidémie aurait été organisée par les élites, a été vu plusieurs millions de fois. En 2020 toujours, 1 Américain sur 4, selon une étude YouGov, a cru que Bill Gates voulait contrôler notre cerveau au moyen de puces électroniques introduites dans les vaccins. L’année semble apporter un cinglant démenti à la profession de foi rationaliste que fit en 1936 un Prix Nobel de physique, Jean Perrin: « Rapidement, définitivement, peut-être seulement dans quelques décades […], les hommes libérés par la science vivront comme des êtres joyeux et sains jusqu’aux limites, à tous égards, de ce que peut donner leur cerveau […] »
Selon Gérald Bronner, si 2020 fut un tel, il réinscrit ce phénomène dans une longue évolution. L’augmentation de la productivité, la réduction légale des horaires de travail, la croissance de l’espérance de vie ou la sous-traitance de gestes physiques par des machines ont abouti à des résultats spectaculaires. Aujourd’hui, le travail représente 11 % du temps éveillé sur toute une vie, contre 48 % en 1800. Mais ce n’est pas tout. Rien qu’entre 1986 et 2010, la durée vouée aux tâches ménagères a diminué de près de 15 %. Toutes ces précieuses minutes gagnées constituent un trésor qui n’a cessé de croître depuis la révolution néolithique. Graduellement, s’est affranchi de la seule nécessité de survie qui absorbait toute son attention, afin de pouvoir se consacrer à d’autres domaines. Voilà d’où viennent Einstein, Bach ou Shakespeare. Bonne nouvelle: la tendance va se poursuivre grâce à l’externalisation de nouveaux labeurs confiés à l’intelligence artificielle. Ce ne sont plus nos muscles que nous déléguons, mais une partie de nos neurones. Les algorithmes, ces « prothèses cognitives », devraient ainsi nous libérer de tâches routinières.
Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.
Démarrez vos 30 jours gratuits