Une année contrastée
*Cet article fait suite à celui publié dans Le Fana de l’Aviation n° 595.
La création des Lignes aériennes Latécoère et l’exploitation de “la Ligne” entre la France et le Maroc en 1919 ont été les premières étapes du projet de l’industriel toulousain Pierre-Georges Latécoère. Les premiers mois de l’année 1920 prolongent l’état dernier trimestre 1919: plus de 80 000 lettres sont acheminées par les avions des Lignes aériennes Latécoère entre La France et le Maroc. Pierre-Georges Latécoère ouvre même les appareils au transport de passagers et renforce “la Ligne” avec 15 nouveaux Breguet XIV du parc militaire d’Étampes, des appareils prêtés par l’État qui lui permettent de doubler nombre initial de modèle aux couleurs des Lignes aériennes Latécoère. À cette date, une trentaine de Salmson 2A2 complète la flotte. Le tout permet d’assurer deux rotations hebdomadaires par semaine entre la France et le Maroc, avec des étapes à Barcelone, Alicante, Malaga et Rabat. Pour cela, on réorganise les aéroplaces que l’on confie à des responsables confirmés, anciens pilotes de la Grande Guerre ou expérimentés: Didier Daurat à Malaga, Jean Dombray à Alicante et Raymond Vanier à Barcelone. Pierre-Georges Latécoère néanmoins le maître à bord, en témoignent les dizaines télégrammes de remarques, conseils remontrances envoyés aux cadres de Ligne”.
C’est dans ce contexte qu’a lieu le 1er avril 1920 le premier service postal aérien espagnol à Alicante par les Li gnes aériennes Latécoère avec le pilote Raymond Vanier et Beppo de Massimi, fidèle Pierre-Georges Latécoère, en présence des autorités espagnoles, de Pierre Beauté, directeur d’exploitation de “la Ligne”, et de plusieurs cadres et pilotes. Pierre-Georges Latécoère, alité, ne peut pas être présent. Les négociations avec les Espagnols ont été longues, chaque point des conventions a été débattu, le texte final et les conditions financières péniblement fixés par les deux parties. Mais organiser les liaisons aériennes ne suffit pas, il faut faire savoir. À partir du mois de mai 1920, Pierre-Georges Latécoère investit dans des campagnes de presse pour promouvoir les “Lignes aériennes Latécoère – France-Espagne-Maroc”, en échange du transport gratuit d’un certain nombre de numéros en Espagne et au Maroc. Les mais aussi nationale comme , , ou encore . Reste également à prolonger “la Ligne” sur les terres nord-africaines, au-delà de Rabat, vers la ville moderne de Casablanca, poumon économique du protectorat marocain. La proposition en est faite au sous-secrétaire d’État de l’Aéronautique et des Transports aériens, Pierre-Étienne Flandin. Avocat de formation, député en 1914, pilote durant la Grande Guerre avant de rejoindre la direction de l’Aéronautique au ministère de la Guerre, PierreÉtienne Flandin a été chargé par Georges Clemenceau de préparer la Convention internationale de navigation aérienne afin d’organiser la navigation aérienne dans le monde. Pierre-Étienne Flandin connaît Pierre-Georges Latécoère depuis 1917; les deux hommes se sont croisés à plusieurs reprises lors des réunions de la commission interalliée. En mars 1919, Pierre-Étienne Flandin avait été le cofondateur, avec Louis Charles Breguet et Louis Blériot, des Messageries aériennes qui assurent les liaisons Paris-Londres et Paris- Bruxelles. Passionné d’aviation et par ses fonctions politiques de premier plan, il soutient les Lignes aériennes Latécoère, lui obtenant 3,2 millions de francs sur l’année 1920, sur les 7,3 millions destinés aux lignes aériennes en service.
