Placido Domingo Roi déchu mais debout
Un roi foudroyé pour s’être proclamé Dieu, qui renaît par la grâce du repentir. Telle est l’histoire de Nabucco, que le Maggio, devenu un Ottobre Musicale Florentin a sauvé des flots de la pandémie, entre deux longues périodes de fermeture des théâtres. L’entrée du souverain de Babylone déploiera toute la majesté requise. Les parois du temple se déchirent sur un brasier, le vieux guerrier en armure se tourne vers le public, portant sur ses larges épaules le poids du monde, crinière d’argent, visage buriné par les épreuves, démarche lourde mais conquérante.
La voix de Placido Domingo, 80 ans ce 21 janvier, se projette sans effort dans le vaste espace, timbre clair du ténor qu’il fut, grave plus mince mais ferme du baryton qu’il a voulu devenir il y a douze ans, lorsque l’aigu s’est effacé. Il n’élude aucun des périls où l’expose la mise en scène, chutes, combats, éclats. Si le soutien de la phrase est parfois moins facile, la technique suprême, la maîtrise de la dynamique sur chaque note, le diseur exceptionnel, dispensent une leçon de chant et d’émotion qui culmine avec la prière « », faisant de longues minutes délirer la salle.
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