LE HACKER QUI A SAUVÉ INTERNET
Il est 7 heures du matin en ce jour d’août 2017 et Marcus Hutchins ouvre la porte au livreur venu lui apporter son Big Mac dans la villa de Las Vegas où il séjourne depuis bientôt deux semaines. Tout va bien à ceci près que le jeune homme aperçoit un 4x4 noir garé de l’autre côté de la rue. Un véhicule très utilisé par les agents du FBI en planque, il le sait. Du haut de son mètre quatre-vingt-dix, il observe la voiture en se demandant, l’esprit enfumé par l’herbe légale du Nevada, si son tour est enfin venu. Mais il se calme en se disant que si les fédéraux voulaient l’attraper, ils n’iraient pas se poster juste en face de son lieu de résidence. Hutchins salue le livreur et s’installe au bord de la piscine pour déguster son repas. Puis il fait ses bagages et se rend à l’aéroport pour rentrer chez lui, en Angleterre.
Marcus vient de passer dix jours à Las Vegas à l’occasion du Def Con, l’un des plus grands rassemblements de hackers au monde. Il y a été accueilli en héros car trois mois plus tôt, il a ni plus ni moins sauvé Internet de la plus grosse cyberattaque de l’histoire, déclenchée par un malware du nom de WannaCry. Un acte de bravoure qui a fait de lui une légende dans le milieu. Accompagné de quelques amis, il a passé le séjour à se faire payer des verres et à répéter son histoire à la presse: lui le nerd timide perdu au fond de la campagne anglaise a terrassé le plus terrifiant cybermonstre jamais créé.
En route pour l’aéroport, Hutchins ne se soucie plus du 4x4 noir et ne se rend pas compte qu’il est suivi. Il passe sans encombre les portiques de sécurité et attend tranquillement son vol dans le lounge en tweetant un peu. Jusqu’à ce qu’il entende une voix lui dire: « Vous êtes Marcus Hutchins? » Il lève la tête et aperçoit un homme roux et trapu avec un bouc, flanqué de deux agents des douanes. Il répond que oui, c’est bien lui, puis est invité à suivre le trio dans un bureau: arrivé sur place, il est aussitôt menotté. « Qu’est-ce qui se passe? » demande-t-il, paniqué. « On va y venir », répond le roux. Serait-ce un fond d’herbe qui traîne dans ses bagages? Ou… s’agirait-il plutôt de cette vieille histoire qu’il pensait enfouie pour toujours? Il est installé dans la salle d’interrogatoire, où une femme blonde rejoint l’homme au bouc. Ils sont du FBI et évoquent d’abord, sur un ton plutôt amical, son actuel
Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.
Démarrez vos 30 jours gratuits