Diapason

RÉCITALS

JEAN-EFFLAM BAVOUZET

PIANO

YYYYY CLEMENTI : Sonate op. 50 no 1. WÖLFL : Sonate op. 33 no 3. HUMMEL : Sonate op. 20. DUSSEK : Sonate op. 61 « Elégie harmonique sur la mort de son Altesse Royale le prince Louis-Ferdinand de Prusse ».

Chandos. Ø 2019. TT : 1 h 22’.

TECHNIQUE : 3,5/5

Jean-Efflam Bavouzet célèbre à sa façon, piquante, l’année Beethoven : en empruntant les chemins de traverse de quatre contemporains peu gâtés par la postérité, liés d’une manière ou d’une autre au maître, et partageant un certain esprit du temps. La confrontation avec les modèles beethovéniens – à la fin de l’album, la belle idée ! – laisse apparaître de frappantes ressemblances, entre telle tournure de phrase ou telle sinuosité à la main gauche. De Joseph Wölfl (1773-1812), les histoires de la musique n’ont guère retenu que le duel pianistique qui l’opposa à l’illustre aîné. Sa Sonate op. 33 no 3 ne serait qu’enfilade de notes et traits anodins sans un Rondo au caractère débonnaire bienvenu. Muzio Clementi (1752-1832), surnommé « le père du pianoforte », est d’une tout autre envergure – Beethoven en faisait d’ailleurs grand cas. Offrant en huit minutes une multitude de facettes, couleurs et atmosphères, l’Allegro maestoso e con sentimento initial de sa Sonate op. 50 no 1 fait se télescoper passion et évanescence, pathétique et finesse. Remarquable !

Czerny opposait la précision, l’élégance et la délicatesse du jeu de Johann Nepomuk Hummel (1778-1837) à la puissance, l’impétuosité et la virtuosité de celui de Beethoven. Elève de Mozart durant deux ans, adulé en son temps, le compositeur est désormais largement ignoré. Sa Sonate op. 20, qui se perd en épisodes trop disparates (I) ou se fait brillamment creuse (III), ne risque pas de redorer son blason. Le curieux se tournera plutôt vers ses concertos pour piano.

Le panorama se referme avec Jan Ladislav Dussek (1760-1812), dont les œuvres visionnaires ont de plus en plus la faveur des interprètes. A raison : écrite sous le coup de la mort du prince Louis-Ferdinand de Prusse (dédicataire du   de Beethoven), au service duquel nous subjugue par sa sombre sensibilité (), par les tours et détours d’une imagination serpentant avec une grande liberté. On pense au second volet de la de Beethoven, elle aussi en deux mouvements, mais composée huit ans plus tard. Dussek serait donc ici le précurseur : voilà qui n’est pas la moindre des surprises. D’autant qu’au fil de cet album singulier, un Yamaha incisif et d’une belle légèreté met en valeur l’esprit comme la précision du jeu de Bavouzet.

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