Quel monde d’après?
En France, un sauvetage massif, mais à court terme
ruit d’une longue tradition de soutien public à la culture, dont la France aime à rappeler qu’elle emploie 600000 personnes et génère 2,3 % de son PIB, résultat aussi d’une forte mobilisation de ses acteurs, l’engagement de l’Etat durant la crise s’est avéré conséquent. Entre les dispositifs transversaux à l’ensemble de l’activité économique (chômage partiel, prêts garantis, reports de charge, fonds de solidarité) et les mesures spécifiques (« année blanche » pour les intermittents du spectacle, aides d’urgence, compensation de billetterie pour les salles, plan de relance…), le gouvernement estime avoir injecté près de 5 milliards d’euros en 2020 pour le secteur culturel, et s’apprête à engager 2 milliards supplémentaires pour les deux ans qui viennent. Le premier chiffre reste discuté par les organisations syndicales, mais il suffit de le rapporter à un autre pour mesurer le danger qui guette : sur l’ensemble de l’année, les pertes devraient s’élever à 22milliards d’euros, sous réserve qu’une reprise de l’épidémie n’entraîne pas un nouvel arrêt. Sévère pour le patrimoine (-36 %), cette récession est d’une ampleur catastrophique pour le spectacle vivant (-75 %). Les entreprises ont été préservées d’une faillite immédiate, d’autant que les subventions des établissements publics étaient maintenues, mais leur fragilité reste extrême. Les salariés permanents ont conservé leur poste et l’essentiel de leurs rémunérations, mais tremblent pour l’avenir. La majorité des travailleurs indépendants (pour le spectacle vivant, ils représentent 90 % des 250000 emplois estimés) a évité la ruine, mais a vu ses revenus drastiquement réduits – et les « trous dans la raquette » sont légion : pour la musique classique, nombre
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