Moto Revue

HimalayAndes: le grand tour d’Amérique du Sud

Fraîchement arrivés en Colombie, c’est à Cali que Pauline et moi achetons notre monture: une Royal Enfield Himalayan 2019 (injection) d’occasion. La moto est en bon état, affiche 13 000 km au compteur, et possède une immatriculation qui ne passe pas inaperçue: « SEX33E ». Après une semaine de préparatifs consacrés à l’enregistrement de mon identité auprès du service des permis de conduire colombien (RUNT), la réalisation de la carte grise à mon nom, la maintenance et l’équipement de la moto (valises et parecarters), nous prenons la route tous les deux sur l’Himalayan. Les infrastructures du pays sont plutôt bonnes mais les dos-d’âne sont omniprésents, tout comme la police; ce qui d’une certaine façon nous rassure… ou pas! Nous rejoignons la région montagneuse de la Zona Cafetera, célèbre pour sa production de café et ses palmiers de cire de la vallée de Cocora. Harmonie et douceur se dégagent des paysages que nous traversons. Le premier contact avec la population est une heureuse surprise, nous sommes accueillis partout avec une extrême gentillesse. Nous faisons cependant attention dans les grandes villes et leurs abords, comme à Medellin, en privilégiant les axes principaux. À chaque arrêt, nous garons la moto dans l'un des nombreux parkings dédiés aux deux-roues et bon marché (0,50 €/h)! Pour 10 € par personne, nous faisons étape dans des hébergements simples mais de qualité. Un menu du jour se monnaye entre 2 et 3 €, et le litre d’essence coûte moins de 0,70 €. La côte caribéenne nous offre des îles et des plages paradisiaques aux eaux translucides. L’asphalte se transforme en piste pour rejoindre la pointe de la péninsule de la Guajira, bout du monde désertique à l’extrême nord du sous-continent, à proximité du Venezuela. La contrebande va bon train et l’essence y est encore moins chère! Désormais, nous mettons cap au Sud et traversons de beaux petits villages coloniaux, comme Barichara, et le désert de Tatacoa. La végétation devient luxuriante et tropicale. Pris par le temps pour rejoindre notre point de chute avant la tombée de la nuit, j’avance à bon rythme sur une piste caillouteuse de montagne. Soudain, je sens Pauline qui « rebondit » avec de larges amplitudes et des à-coups apparaissent dans la transmission. Le constat est sans appel: l’amortisseur arrière nous a lâchés!

Seuls, trempés, gelés, nous perdons le sens de l’espace

Il ne s’agit cependant que d’une fuite d’huile et nous pouvons atteindre Pasto à petite vitesse, dernière ville avant l’Équateur où se trouve un centre de services Royal Enfield. Par chance, la moto totalise moins de 20 000 km et est toujours sous garantie. 5 jours d’attente pour la livraison de la pièce, une demi-heure de montage seulement, et nous poursuivons notre chemin. Les migrants vénézuéliens munis de leurs maigres baluchons se font de plus en plus nombreux à mesure que nous nous rapprochons de cette et 24 chevaux de l’Himalayan. Dans une montée sablonneuse, truffée d’ornières et de racines, je relance à grands coups d’embrayage. La moto n’avance presque plus: dès que je tourne la poignée de gaz, elle prend des tours mais fait du sur-place. Je fais descendre Pauline et atteins difficilement le sommet en poussant la moto sur le mince filet de puissance exploitable. L’embrayage doit être foutu et je me vois déjà changer les disques… Nous redescendons en roue libre et rejoignons péniblement la panaméricaine où l’Himalayan est prise en charge par une dépanneuse qui nous dépose à Quito, capitale du pays, où se trouve un autre centre Royal Enfield. Il suffira finalement de quelques coups de clé pour détendre le câble d’embrayage et résoudre le problème… Je me sens très bête mais c’est souvent à ses dépens que l’on apprend! La route des volcans nous mène aux célèbres Cotopaxi et Chimborazo qui nous offrent des images de cartes postales avec leurs troupeaux de lamas et vigognes qui paissent sur leurs pentes. Les accès à ces parcs naturels sont cependant interdits aux seuls motards pour des motifs environnementaux divers et souvent contestables. La superbe boucle de Quilotoa se termine quant à elle en apothéose avec sa lagune à l’eau bleu turquoise nichée au creux d’un cratère. C’est par une longue piste de montagne que nous franchissons la frontière avec le Pérou avant de découvrir les sites précolombiens majeurs de la forteresse de Kuelap et de la Huaca del Sol de Trujilllo.

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