Rock and Folk

Jona Lewie

“ON THE OTHER HAND THERE’S A FIST”

Stiff

IAN DURY, MADNESS, DAMNED, POGUES: AU SEIN DU LABEL STIFF, TOUS TIRENT LA COUVERTURE A EUX. Même Wreckless Eric jouit du statut d’artiste culte. Jona Lewie, c’est comme s’il n’avait pas existé, comme s’il n’avait pas décroché plusieurs hits de suite (dont un tube de Noël), comme s’il n’avait pas composé trois albums magnifiques. Ian Dury a connu une postérité bien plus retentissante. Le père spirituel de Baxter, sa référence la, témoigne Lewie. Parfois, on dirait du Sparks de caniveau (“Vous Et Moi”, joué sur un piano-jouet Hohner acheté 25 livres), parfois de l’Ultravox de poche (“Hallelujah Europa”, magnifique), le chanteur passant de ballades bouleversantes au piano (“On The Road”) à du bastringue blues de lendemain de cuite (“I’ll Get By In Pittsburgh”), d’un extrait de comédie musicale pouilleuse (“Bureaucrats”) à du glam de piano-bar (“Police Trap”), d’un gospel nocturne (“The Last Supper At The Masquerade”) à du ragtime synthétique. Créativité: top. Mélodies: top. Charme: ravageur. Pourtant… L’ensemble, autoproduit par Lewie, sonne dilettante, voire loqueteux — comme s’il avait enregistré cet album à la va-vite dans sa cuisine sur un magnéto trois pistes, alors qu’il s’apprêtait à sortir ses poubelles avant d’aller savourer quelques pintes au cabaret du coin. Manque d’ambition ou de moyens? Ni l’un ni l’autre, ses chansons suivantes donnent la réponse: c’est juste que, dans ces années où triomphent Fleetwood Mac et Foreigner, le branleur privilégie cette esthétique branlante. Si “On The Other Hand There’s A Fist” se vend chichement, il n’en est pas de même, en 1980, des singles “You’ll Always Find Me In The Kitchen At Parties” (Norman Watt-Roy des Blockheads à la basse, Kirsty MacColl aux choeurs, numéro 16 du Top UK, magnifique), “Stop The Cavalry” (fanfare inspirée de Mozart, hit de Noël, classé dans treize pays, première place en France, plus gros succès de Stiff après “Hit Me With Your Rhythm Stick”), puis “Louise” en 1981 (numéro 2 en Australie, numéro 1 en Afrique du Sud). Fini l’autoproduction, Lewie s’entoure d’une armada de producteurs (dont l’immense Rupert Hine et Godley & Creme) pour son album suivant, l’excellent “Heart Skips Beat”. Résultat: un son plus imposant mais, au final, peu de différences — ça reste de la musique de clown mélancolique, un hybride kitsch de Ringo Starr et Television Personalities, Jonathan Richman armé d’un accordéon et d’une boîte à rythmes, Roxy Music composant, au choix, des ritournelles pour fête foraine, des mélodies de mariage ou des comptines de poche, des Stranglers en bras de chemise embauchant Yvette Horner comme directrice artistique. Malgré des morceaux comme “Rearranging The Deckchairs On The Titanic” et “I Think I’ll Get My Haircut”, l’album se plante. Lewie aura été, juste derrière Madness, l’artiste ayant sorti le plus de singles chez Stiff, mais à partir de 1983, le label connaît des soubresauts, acheté à 50% par Island, puis lâché à 100%, avant la banqueroute et la vente à ZTT. Ce n’est plus le problème de Jona: l’olibrius a disparu. Il ne s’est pas assez pris au sérieux: l’industrie ne le réclame pas. Lewie ne réapparaît que dix ans plus tard, repêché en 1993 par New Rose, la maison de disques des , pour “Optimistic”, encore un album captivant — grâce à “I Will Take The Furniture, But Leave You With The French Au Pair”, et surtout le bouleversant “But You Were Beautiful”. Depuis, Jona Lewie n’a plus jamais enregistré. .

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