VESTIAIRE DE L’ENFANCE
Faut-il croire aux esprits? Ceux qui résident dans les objets que l’on crée, que l’on collectionne, et demeurent vifs très longtemps, bien après ceux qui les ont créés ? C’est l’idée, spirite mais ferme, qui subsiste après avoir croisé Pierre-Alexis Dumas et l’avoir entendu parler des artéfacts qui lui sont chers, estampillés Hermès : il faut croire à l’esprit des objets. Assis un samedi soir d’hiver durant un défilé d’une collection homme d’Hermès, dans le cadre étonnant du Mobilier National (question souvenirs et objets, le lieu est plus qu’explicite...), il dit soudain, apercevant un blouson, que c’est bien cette maison qui créa, il y a pratiquement un siècle, le premier blouson zippé. D’un coup, ce que l’on voit se charge d’autre chose : un regard, une histoire, des souvenirs, une perspective (cavalière?) et des liens entre ce que nous savons encore et ce que nous avons déjà oublié. Un autre jour, durant un été indien qui se prolonge, au vernissage très mondain d’un magasin Hermès sis dans le district du Meatpacking à Manhattan, alors que l’on évoque le fait que le lieu avait servi des années durant de studio à la photographe Annie Leibovitz et avait donc eu plusieurssous-titré de ce terme : un palimpseste. Du livre, on a tout oublié, sauf ce mot. Plus tard, dans son bureau, Pierre-Alexis Dumas précise : « La caisse de résonance d’Hermès, c’est un palimpseste : un texte qui en cache un autre. Je ressens très fortement cette longue histoire, cette présence très réelle de gestes et de pensées qui sont inscrits dans l’objet. Pour réaliser son travail, il faut suivre son intuition en regardant ce qui a été fait avant : on se sent ainsi moins seul. Il n’y a pas de création amnésique, comme disait mon père. »
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