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L’HUMAIN D’ABORD

D’une façon ou d’une autre, les acteurs, on préférerait pouvoir les ranger dans des cases. Leur coller une étiquette, leur accorder un domaine et les laisser s’épuiser, film après film. Elle, elle échappe. À croire qu’il n’y a pas une Marina Foïs mais quatre ou cinq femmes qui vivent et travaillent sous le même nom, sous la même apparence. Le souvenir que l’on pourrait avoir de l’une d’elles n’empêche pas tout un tas d’autres d’advenir : à l’écran, au théâtre ou à l’intérieur de cette grande scène informelle, vivante et passionnante qui s’appelle la société. Si nous avions la fibre entrepreneuriale, nous lui conseillerions tout de suite de créer une société pas anonyme du tout avec toutes ces filles, la Marina Foïs Inc. Mais l’idée est là : Marina Foïs n’est pas qu’une actrice. Marina Foïs fait société. Une sorte de Pierre Bourdieu en acting, qui se servirait des rôles qu’on lui propose pour scanner la France qui l’entoure, analyser ses passions (on les dit tristes, mais ça pourrait bien changer un jour, non ?), ses contradictions, ses valeurs, ses blessures.

« Moi, ce que je voulais faire au départ, c’était tragédienne ! »
MARINA FOÏS

Pour mieux mesurer l’espèce d’incroyable multitude dont Marina Foïs est le nom, il suffit de se souvenir que ce petit bout de femme, blonde et rapide, on l’a connue il y a longtemps, à la fin des années 1990, membre d’une troupe comique qui faisait les beaux jours de Canal+ : Les Robins des Bois. De 1997 à 2001, elle y incarnait la très naïve Sophie Pétoncule. On ne dit pas ça histoire de lui ressortir les dossiers (ils ne sont pas si honteux par ailleurs, Les Robins nous faisaient vraiment rire), mais juste pour l’entendre se raconter à partir d’une première contradiction : « Moi, ce que je voulais faire au départ, c’était tragédienne ! »

Soit l’histoire, classique, quasi banale, d’une jeune fille de bonne famille en France qui a joué et voulait entrer au Conservatoire. « Je pensais que mon destin, en gros, c’était de jouer Iphigénie à l’Odéon. Et puis il y a eu l’échec cuisant du Conservatoire : je l’ai vécu comme une injustice

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