« La volonté d’être libre »
Je suis à quelques secondes d’entrer en scène dans une pièce dont j’ignore le titre. Je ne connais pas mon rôle, je ne sais pas du tout où je suis et c’est l’angoisse totale ! J’ai toujours lu, de à Shakespeare. Ma mère lisait tout le tempsLes livres m’ont vraiment donné le sens de l’imaginaire. Enfant, j’inventais de petites histoires entre des amis, des membres de ma famille, des gens que je voyais dans la rue. Au cinéma, j’ai un souvenir très précis de Là, j’ai compris que l’imaginaire pouvait devenir réel, que c’était un métier et que c’était une expérience pour un public, d’avoir les mêmes émotions en même temps. Ça m’a beaucoup marqué. Sûrement une toile de Rothko. C’est très personnel, mais ce n’est pas attaché à un présent ou à un passé. C’est quelque chose de très libre : la première fois, je me suis assise devant une toile ; je pense que je suis restée une demi-heure; je n’ai pas vu le temps passer. La danse classique. J’en ai fait jusqu’à l’âge de 15 ans. Je n’étais jamais la meilleure, mais c’est quelque chose que j’aime énormément. Ça montre la résilience du corps humain, la volonté. Rose Wylie, une peintre britannique, qui était mariée à Roy Oxlade, peintre également. C’est quand il est mort que le milieu de l’art s’est intéressé à l’œuvre de sa femme, alors qu’elle a toujours peint. Le regard des autres avait changé. Elle était peintre quand elle élevait ses enfants, quand elle leur préparait à manger, quand elle dessinait sur leurs T-shirts. On ne devient pas artiste parce qu’on est reconnu. Elle fait des choses presque naïves, mais qui parlent de façon très crue du réel de nos vies. Ça existe en France, mais pas en Angleterre où je vis : le port du masque obligatoire partout. Ça me fait très peur que les gens n’arrivent pas à comprendre qu’un geste aussi simple peut sauver tant de vies. Le piano ! J’ai pris des cours étant enfant et j’ai arrêté quand je me suis rendu compte, à l’adolescence, que je pouvais dire non à mes parents. C’est un de mes grands regrets. Du vide. De la sensation du vide. Je ne me projetais pas dans l’avenir. J’avais la volonté d’être libre, et je pense que mon métier me le permet d’une manière très variée.
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