Syndrome de Mank
Il faut rouler une heure et demie en partant de Los Angeles vers le nord-est. À Victorville, dans le haut désert de Mojave, entre la route 66, une rivière et un chemin de fer, le ranch Kemper Campbell s’étend sur une centaine d’hectares où broutent chevaux et vaches. Compter encore une dizaine de minutes, sur un chemin bordé de Joshua trees, pour atteindre une grande maison en adobe, où se tient Peggy Shaughnessy, affable gérante du lieu. « Vous êtes venus pour Herman Mankiewicz ? Avec un peu de chance, vous croiserez son fantôme, souffle-t-elle. Il lui arrive de se poser sur le perron avant l’heure du déjeuner et de regarder en direction du train pour trouver l’inspiration. C’est là qu’il aurait trouvé l’idée de Rosebud. »
Dans la famille Mankiewicz, on connaît surtout Joseph, l’auteur de chefs-d’œuvre inoxydables – (1947), (1950), (1954) ou (1972). Ce que l’on sait moins, hors des cercles cinéphiles, c’est qu’il avait un frère, Herman, de douze ans son aîné. Et que ce frère, scénariste, avait été plus renommé encore au temps du Hollywood classique – du crépuscule du muet dans1926), Josef von Sternberg 1928), les Marx Brothers 1933), George Cukor 1933), Victor Fleming 1939, bien qu’il ne soit pas crédité au générique) ou encore Nicholas Ray 1949)… Mais une œuvre recouvre toutes les autres, un joyau dont l’éclat a fini par invisibiliser les plus petits diamants :
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