Le grand cimetière des anomalies déchues
Même le plus enthousiaste des physiciens en est conscient : détecter des anomalies n’est pas si rare en physique des particules. Et dans la grande majorité des cas, ces déviations finissent par Science & Vie À peine six mois après les premiers résultats, qui appelaient à une révolution du domaine, nous apprenions que ce prétendu nouveau constituant de la matière, capturé simultanément par deux détecteurs indépendants, était en fait la conséquence d’une fluctuation statistique particulièrement diabolique. Un précédent un peu similaire était déjà survenu en 2011 en provenance du collisionneur de particules Tevatron (États-Unis). Celui-ci avait détecté la présence potentielle d’une nouvelle particule, voire d’une nouvelle force, lors de l’étude d’un type de collision qui produit un boson W – particule porteuse de la force faible. Mais cette anomalie disparut quelques semaines plus tard, après qu’une nouvelle série de mesures a permis de montrer qu’il s’agissait, une fois de plus, d’un vulgaire effet statistique. La même année, un autre mirage très médiatisé avait également suscité l’incrédulité des physiciens : à savoir la fameuse détection, par l’expérience européenne Opéra à Gran Sasso (Italie), de prétendus neutrinos plus rapides que la lumière. Tonitruant résultat qui s’est finalement avéré être le fait… du branchement défectueux d’un câble. En 2001, des neutrinos avaient déjà titillé les physiciens du Laboratoire national de Los Alamos (États-Unis) dont l’expérience semblait indiquer l’existence, en plus des trois neutrinos du modèle standard, de deux neutrinos supplémentaires ; une idée discréditée quelques années plus tard par l’expérience MiniBooNE. Autant d’exemples qui incitent à la prudence… mais qui ne douche pas l’excitation des physiciens pour les trois anomalies actuelles !
Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.
Démarrez vos 30 jours gratuits