Dans la tête de Roger Ballen expert en chaos
La Halle Saint-Pierre, musée dédié à l’art brut, accueille depuis septembre dernier ce que Roger Ballen qualifie lui-même de “plus grande présentation de son travail en 50 ans de carrière”. L’exposition, conçue avec sa directrice artistique Marguerite Rossouw, déploie derrière un rideau noir indifférent au métal et au verre de l’architecture Baltard du musée, installations, films, dessins, sculptures, photographies noir et blanc et, pour la première fois, images couleur.
Pandémie oblige, le monde de Roger Ballen est resté fermé aux regards tout le printemps, et en attendant que la tempête se calme, on ne peut qu’imaginer derrière les portes closes l’œuvre si particulière du photographe, ce monde de l’obscur, du caché, doublement obscur et doublement caché par le confinement. L’été qui vient permettra peut-être d’en soulever à nouveau le rideau. À la rentrée, une version repensée et resserrée de l’exposition présentera ensemble installations et images à l’étage de la Halle Saint-Pierre, laissant le rez-de-chaussée au plasticien et dessinateur Stéphane Blanquet. Une manière, pour la directrice du lieu, Martine Lusardy, de trouver des solutions à la crise sanitaire en ménageant “des strates d’espace où s’engouffrer et être du côté de la vie”. Il y a quelques mois, alors que nous traversions avec lui le labyrinthe de son œuvre, Roger Ballen nous parlait tranquillement d’humour, de couleur, de rats, du chaos, de sa démarche artistique, d’équilibre personnel et mondial, d’engagement individuel et d’expérience.
La Halle Saint Pierre et vous avez l’air faits l’un pour l’autre, comment est née l’idée de cette exposition?
Nous avons commencé à discuter de cette exposition avec Martine Lusardy, la directrice, il y a environ quatre ans. Nous y travaillons depuis deux ou trois ans, et nous avons passé toute l’année dernière à la préparer. C’est vraiment un endroit particulier. Un beau musée, un bel espace, une belle librairie, un beau public, une belle programmation. Ici, il ne s’agit pas de montrer le plus nouveau, le plus beau, le plus à la mode, mais le plus pertinent. Pertinent d’un point de vue psychologique, c’est à dire qui affecte la psyché, quoi qu’il se passe dans le monde extérieur. L’espace y est un cercle. C’est énigmatique, comme un labyrinthe : on peut
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