ENVIE DE CREER
—Boramy Viguier a 30 ans, Spencer Phipps 34. Installés à Paris, ces deux jeunes créateurs ont lancé leurs marques il y a moins de trois ans. Leur toute première présentation a eu lieu la même saison, en janvier 2018. Voilà pour les points communs. Pour le reste, on pourrait dire que tout les oppose. Spencer Phipps, le roux, a grandi à San Francisco dans un rapport passionné à la nature qu’on retrouve dans sa mode fortement marquée par le souci écologique. Il s’est d’ailleurs fait connaître avec des pièces d’outdoor, une sorte de version plus parisienne et plus « mode » de la fameuse marque californienne Patagonia. Boramy Viguier, le brun, fils d’un père français et d’une mère d’origine vietnamienne, a été fortement marqué par l’imaginaire d’artistes comme Frank Herbert, J. R. R. Tolkien, Philip K. Dick ou Moebius, aux univers de science–fiction mystiques voire sombres, dont il imagine les costumes des héros, parkas à empiècement ou costumes modernisés par des détails techniques. À partir de ces bases de départ, l’outdoor écolo pour Phipps, le tayloring mi–SF mi–mystique de Viguier, ils ont pris des chemins opposés : Spencer Phipps est monté en gamme de collection en collection, passant des t–shirts à 100 euros des débuts à des pyjamas en soie brodés à 3 000 euros aujourd’hui ; Boramy Viguier s’est diversifié et propose, à côté de sublimes manteaux à 3 000 euros, des blousons accessibles dès 280 euros.
On sait l’énergie qu’il faut à de jeunes créateurs pour se faire remarquer dans le paysage déjà bien encombré de la mode. Mais cette difficulté première a été encore compliquée cette année par la crise du coronavirus. Esthétiquement d’abord, car on n’a plus forcément envie de créer ouen 3D ovniesque et fascinant. Autant de sujets de conversation pour une discussion avec les créateurs de la mode de demain, à qui on souhaite que leurs petites entreprises enjambent impétueusement la crise.
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