ENVIE DE LEGENDE
—De prime abord, il y a un paradoxe entre l’iconographie folle de l’oeuvre de Pierre Cardin et son apparence tranquille. C’est un monsieur aux cheveux blancs né en 1922, voûté, que l’on apercevait encore récemment aux défilés de Jean Paul Gaultier. Quand on le croise, il paraît escorté par des collaborateurs qui le protègent comme une sainte relique et on pourrait penser qu’il est fragile. Mais quand on l’approche, le voilà riant, trinquant au champagne, articulé comme un comptable au rapport, espiègle comme un gamin, sûr de lui comme un baron. Pierre Cardin est toujours Pierre Cardin, à la hauteur de sa mode, qui a été, est et sera ébouriffante. Sardonique, le survivant des couturiers du XX siècle n’est pas tendre avec ses chers collègues disparus : « Yves Saint Laurent, c’est l’élégance mais pas la création », « Coco Chanel, c’est un seul vêtement »… Et la pire des pires : « Karl Lagerfeld ? Je ne connais pas son travail. » Oui, Pierre Cardin pourrait donner des cours de vacheries à Mariah Carey. Et c’est vrai qu’il balance les aphorismes mode à la mitraillette : « Je ne tiens pas à imiter les autres mais à être imité. » C’est un fou de travail que le travail a conservé pendant des décennies, intact, vif.
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