Keith rencontre la police montée
Extrait de Rolling Stone n° 238, 5 mai 1977
MON TAXI PROGRESSE DANS L’ALLéE SINUEUSE DU HARBOUR CASTLE Hilton, à Toronto, résidence temporaire des Rolling Stones, et je ne sais pas à quoi m’attendre. Je ne sais que ce que j’ai lu (et écrit) : Keith Richards s’est à nouveau fait choper avec de la drogue – ici même, à l’Harbour Castle –, quelques jours après l’arrestation par la police montée de sa compagne, Anita Pallenberg, à l’aéroport ; et les autres Stones en auraient marre. ? Je sais qu’ils sont ici pour enregistrer deux shows à la El Mocambo Tavern afin de boucler un album live. Mais depuis les arrestations, ils sont à nouveau en plein chaos. Je les ai déjà suivis en 1975, pour leur Tour of the Americas, et certains prétendaient que la fin était proche. Je vais devoir affronter Mick Jagger avec une question désormais récurrente : se pourraitil que ce soit la dernière fois ? Pour la première fois, peut-être, il devra y réfléchir, et répondre.
Mais tout d’abord, il y a l’entourage des Stones : assistants, avocats, sécurité, et les deux hommes auxquels je me heurte le plus à Toronto, Paul Wasserman, numéro un des attachés de presse rock’n’roll, souvent payé pour que ses clients n’apparaissent pas dans la presse, et le manager Peter Rudge, Anglais élégant et survolté, connu pour son côté imprévisible. Rudge a tenté de maintenir le secret sur les activités des Rolling Stones à Toronto.
Une fois installé au Harbour Castle, je me glisse dans l’entrée – envahie de journalistes locaux et surveillée par la police montée – et tombe sur Bill Carter. C’est un avocat coriace de Little Rock (Arkansas), désormais représentant américain des Stones et chef de la sécurité de la tournée. Je l’ai rencontré en 1975. Nous allons discuter dans un coin du Quayside Bar.
Moins de dix minutes plus tard, Peter Rudge passe, me voit et pâlit. Plus tard, il vient me serrer la main de façon circonspecte. “J’ai interdit la presse américaine, me dit-il. Mais nous savions que tu viendrais. Pourquoi crois-tu que tu n’as pas pu avoir de chambre à notre étage ?” Je suis coincé au 7e, alors que l’entourage des Stones est réparti entre les 29e et 34e étages.
Je vais devoir affronter Mick Jagger avec une question désormais récurrente : se pourrait-il que ce soit la dernière fois ?
“J’ai déjà les numéros des chambres, lui dis-je.
— J’en suis certain”, répond-il avant de s’éloigner. (J’ai obtenu une liste des chambres les plus importantes, grâce à la faculté qu’ont les femmes de chambre du monde entier à échanger des informations contre de l’argent.)
Le 24 février, Keith
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