Foot, Stasi et fratricide
Après l’histoire d’un Français mineur enrôlé dans la SS (plus de 100 000 ventes), cette deuxième association entre le dessinateur Sébastien est une deuxième merveille. Au premier regard, le lecteur peu familier de l’histoire de la partition de l’Allemagne fera la distinction entre les séquences à Berlin-Ouest, colorées en bleu, et celles à l’Est, en sépia. Le scénario mêle politique, sport et tragédie familiale. On suit deux frères, les Werner, depuis les décombres de la capitale allemande bombardée en 1945 jusqu’au stade de Hambourg où se joua en 1974 un match de football fratricide RFARDA pendant la Coupe du monde. Konrad et Andreas sont agents de la Stasi, la police politique est-allemande. L’un est convaincu, l’autre contraint. Deux visions d’un monde alors bipolaire, de part et d’autre du rideau de fer. Dans ce cadre sportif se noue la destinée des deux héros qui s’étaient juré, enfants, de ne jamais se séparer. La tension grimpe, annonciatrice d’une douloureuse trahison. Taillant au passage un sacré costard à une légende du ballon rond, le « Kaiser » Franz Beckenbauer, cet album beau et poignant est complété avantageusement par le texte d’un historien. Les deux Républiques finiront par se réunir après la chute du mur de Berlin. Qu’en sera-t-il pour les frères Werner ?
