VENTES DE SAINTES RELIQUES UN SACR COMM€RCE
« Prenez et mangez : ceci est mon corps. […] Buvez-en tous, car ceci est mon sang. » A ce fameux verset de l’Evangile selon Matthieu (26, 26-29), nous pourrions ajouter : « Achetez, car ceci est un authentique tibia de saint ! » Ainsi, lors d’une vente aux enchères en ligne organisée à Alençon le 25 avril dernier, un pieux collectionneur a-t-il pu acquérir, moyennant 300 euros, une croix reliquaire en bois sculpté et doré du XIXe siècle recelant de menus ossements de saint Martin, saint Clément, saint Jean de Latran et sainte Thècle. Un joli médaillon reliquaire faisait un autre heureux pour 150 euros. Signe particulier, il contient lui aussi un petit fragment osseux, reste du malheureux Jean-Gabriel Perboyre, prêtre missionnaire qui s’en alla prêcher en Chine où il fut capturé en 1839, emprisonné, torturé, sans jamais abjurer sa foi, ce qui lui valut d’être canonisé par Jean-Paul II en 1996 et d’être le premier saint martyr de l’empire du Milieu.
Au total, et dans le jargon des enchères, 378 lots devaient être dispersés à l’encan lors de cette vacation. Mais seules 375 pièces furent effectivement mises en vente. Fait relativement rare, trois objets ont en effet été retirés in extremis à la demande du Conseil des ventes volontaires (CVV), instance de régulation et « gendarme » des enchères. Motif ? « J’ai été saisi par un ecclésiastique qui m’a écrit, choqué que l’on puisse ainsi proposer à la vente des restes humains clairement identifiables comme tels, qui plus est de saints », nous confie Henri Paul, le président du CVV. Et d’ajouter avec malice: « On peut avoir mauvais siècle », estimée entre 9 000 et 10 000 euros. Long de 1,30 mètre, l’objet renfermait en fait… le corps entier d’une petite martyre emmailloté de précieuses broderies, le crâne apparent.
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