APOCALYPSE BEYROUTH
MARTYRISÉE PAR UNE EXPLOSION DÉVASTATRICE, LA CAPITALE LIBANAISE EST PLONGÉE DANS LE CHAOS POLITIQUE ET ÉCONOMIQUE. NOTRE REPORTAGE
Un cratère profond de 43 mètres dominé par les ruines d’un silo babylonien. Cruelle illustration de l’abîme de corruption et des décombres politiques où gît l’Etat libanais. Deux mille sept cent cinquante tonnes de nitrate d’ammonium, hautement explosif, débarquées d’un navire moldave en 2014, oubliées – ou pas – dans un hangar portuaire, ont crucifié Beyrouth. Le Liban, qui a déjà souffert de quinze ans de guerre civile, paye un nouveau tribut à trente ans d’incurie gouvernementale.
Encore sous le choc, les survivants s’improvisent secouristes dans un décor de fin du monde. Les rues familières ne sont plus que débris de verre tombés des gratte-ciel, blocs de béton, voitures tordues, scooters projetés contre les murs… En quelques secondes, la double explosion a fait plus de 150morts, près de 5 000 blessés et pulvérisé les logements de 300 000 personnes. La déflagration a été ressentie jusqu’à Chypre, à 260kilomètres de Beyrouth.
LA SOUFFRANCE ET LA SIDÉRATION. COMME AUX PIRES TEMPS DE LA GUERRE
LA MORT NE FAIT PAS DE QUARTIER. CHRÉTIENS OU MUSULMANS, TOUS SONT FRAPPÉS
LE PORT RASÉ, COMME APRÈS UN BOMBARDEMENT
Une terre qu’il espère voir renaître de ses cendres. Premier chef d’Etat et seul étranger à se rendre sur place, Emmanuel Macron a su toucher le cœur des Libanais. Entre Paris et Beyrouth, les liens sont profonds, anciens. Face aux besoins
