Le Journal du dimanche

La barbe d’Édouard Philippe

ça ne se fait pas chez les gens bien élevés d’aborder des sujets comme celui-ci. Sur l’aspect physique des personnes, il faut savoir être discrets : cela ne nous-re-garde-pas. Cette dernière injonction, qui sent bon les conseils d’éducateurs avisés, n’est quand même pas applicable à la barbe d’Édouard Philippe puisque tout le monde voit depuis des semaines qu’elle blanchit de plus ou ou Ce qui nous regarde en vérité c’est le choix du Premier ministre de ne rien faire du tout et de laisser sa barbe très soignée vivre à sa guise. Tout est langage pour un homme public ; l’attitude impavide d’Édouard Philippe, sa belle allure générale confirment qu’il va très bien et qu’il entend garder bien en vue cette petite excentricité qui a pris place sur son visage. Voici quelques interprétations. Hypothèse numéro 1 : qui m’aime me suive. Genre les paroles de Prévert chantées par Juliette Gréco : Qu’est-ce que ça peut vous faire/je suis comme je suis/je plais à qui je plais. Traduction : Je ne changerai rien parce que je veux être aimé pour moi-même, je tiens à ne pas modifier d’une virgule ma nature. Y a-t-il quelque chose de plus beau et gratifiant que d’être aimé ? Numéro 2 : les stigmates de la guerre. On ne vit pas sans que la vie vous griffe, vous morde, vous entaille. Oui, l’existence est un combat ; on en sort scarifié, ridé, amoché. Les cicatrices sont les marques des années vécues intensément. Il faut en être fier comme les grognards de Napoléon étaient fiers de leurs blessures. Vous pensiez que j’étais un chat d’appartement, un chat très éduqué, cultivé, raffiné, un chat sorti de l’ENA ? Eh bien non, je suis un chat de combat. Et peut-être ai-je aussi l’âme canaille d’un chat de gouttière. Numéro 3 : la performance artistique. Elle ne va pas sans une transgression des usages de la vie bourgeoise. Vous connaissez l’histoire d’Alcibiade ? Le plus doué, le plus beau, le plus audacieux des amis de Socrate et de Platon. Il avait un chien magnifique, tout le monde l’admirait et admirait son pelage. Il le mutila sans raison et toute la ville fut frappée de stupeur. C’était un geste comme cela, pour attirer l’attention, un geste de dandy. Comme les boutons de manchette que je choisis soigneusement chaque matin. Numéro 4 : la plainte silencieuse. Je fais de la boxe, je suis grand et costaud. Mais ce n’est pas pour cela que je n’ai pas une âme sensible et délicate. On ne se plaint pas chez les aspirants Churchill, on encaisse et on se tait. Mais la douleur, elle, ne lâche pas et elle cherche d’autres moyens de s’exprimer. Il faut qu’elle trouve une manière de se manifester sans que je sois ouvertement impliqué. Ce n’est pas ma faute si elle s’est attaquée aux poils de ma barbe. Moi j’endure et je me tais. On pourrait continuer avec les hypothèses, mais je m’arrête là. Édouard Philippe ne dira rien. Jamais. Notre curiosité ne sera pas satisfaite. Je vous donne quand même mon avis : j’écarte la 1 et la 4 ; je penche un peu, pas trop pour la 3 ; je crois fortement à l’interprétation numéro 2.

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