Sortie d’usine
l faut parfois savoir s’émanciper de son histoire pour se défaire des étiquettes qui nous collent à la peau. La valeur patrimoniale de la société familiale Tolix, son outil industriel, sa labellisation « Entreprise du patrimoine vivant » en 2006, deux maintes fois racontée de Xavier Pauchard, humble fabricant d’objets ménagers en tôle galvanisée qui finit par livrer des chaises à bord du en 1935, voilà un héritage qui peut, à force, rendre prisonnier de son personnage! Comment garder ses valeurs profondes – l’intemporalité, la pérennité, le travail de la main – tout en trouvant un second souffle? Finalement, c’est tout simple: il suffit de faire appel à un designer. Or, comme le dit l’intéressée, Pauline Deltour, trop d’industriels n’ont aucune idée de ce qu’est un designer, des solutions qu’il peut apporter. Il est encore trop souvent assimilé à un communicant, à un décorateur et pas au technicien qu’il est. Et on n’abordera pas ici la double peine d’être designer et femme à la fois dans cet univers industriel. Justement, Chantal Andriot n’a eu, elle, aucun préjugé, au contraire. En confiant à Pauline Deltour, 37 ans, ex-cheffe de projet chez Konstantin Grcic à Munich qui a fondé sa propre agence à Paris il y a dix ans, le soin de faire passer le cap de la modernité à Tolix, elle sait qu’elle projette la marque dans de nouveaux possibles. D’abord, par le choix de produire une gamme spécifiquement outdoor. Ensuite, en demandant à la designer de relever le défi du confort et de l’élégance d’un mobilier qui reste en acier inoxydable, tout en se distinguant de l’offre pléthorique du marché. Enfin, en insistant sur la malléabilité et la praticité : les chaises devaient absolument être empilables. L’objectif est largement atteint, voire dépassé : la perception visuelle de la collection manifeste d’emblée l’élégance du dessin à la ligne. Les tubes sont fins, l’accoudoir passe devant le dossier pour le confort, le plateau arrondi des tables évite tout accroc. Techniquement, la réflexion a été poussée à l’extrême : de l’Inox pour répondre aux contraintes du bord de mer, des surfaces de contact moins importantes pour ne pas se brûler la peau et un éventail de couleurs d’une rare subtilité pour ce type de mobilier. Oui, on est loin des lignes un peu pataudes de la chaise qui donnait pourtant tant de chic aux lofts des années 90. Alors vive le temps présent!
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