REPENTIS RENAÎTRE APRÈS LA HAINE
Racine, Wisconsin, à deux heures de train de Chicago. Un crachin printanier tombe sur l’asphalte. Un homme, crâne rasé, joues rondes, tee-shirt turquoise sur son corps massif, sort de sa voiture. Il traîne sa carrure imposante dans un immeuble aux briques rouges. Tous les samedis matin, Sammy Rangel, 50 ans, rejoint une salle où sont affichées des citations, comme « Les courageux n’ont pas peur de pardonner, au nom de la paix », signée Nelson Mandela. Sammy se met à table avec cinq hommes et trois femmes pour animer une session des Formers Anonymous (Repentis anonymes, allusion aux Alcooliques anonymes). Il a créé ce groupe de parole en 2011 pour d’exmembres de gang et d’ex-toxicomanes. La même année, il a aussi cofondé avec d’anciens suprémacistes – dont son compère Tony McAleer – Life After Hate, une association pour aider des suprémacistes souhaitant quitter leur mouvement haineux, proposant écoute téléphonique et groupes de soutien sur les réseaux sociaux. Il y est travailleur social. Un sacré parcours.
Car Sammy faisait partie d’un gang latino à Chicago et a passé des années en prison. Chicago, la ville qui compte le plus d’homicides aux Etats-Unis, avec deux personnes tuées par balle chaque jour. Selon le FBI, 7 175 attaques fondées sur la couleur de peau, la religion, la sexualité, le genre ou le handicap ont été perpétrées en 2017. Aujourd’hui, Sammy habite une maison avec deux de ses filles, sa compagne et leurs trois chiens. Un homme rangé, mais qui garde au bras le tatouage d’une patte d’ours en référence à ses origines amérindiennes et latinos.
« APRÈS 18 ANS DE PRISON, J’ÉTAIS LE
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