L’art de recevoir selon OGATA
», s’amuse Shinichiro Ogata lorsqu’on lui demande d’identifier le lieu où nous nous trouvons. Dans cet immeuble du XVII siècle du Haut-Marais longtemps occupé par la métallerie Weber, l’architecte a mené deux ans et demi durant un chantier aussi magistral qu’audacieux. Pour la première fois hors du Japon, cet entrepreneur réputé, amoureux de Paris et de sa culture au point d’y élire domicile, tente de partager une expertise saho, », poursuit celui qui se défend d’imposer le Japon et ses clichés à Paris, mais « ». Depuis plus de vingt ans, cet homme aussi discret qu’esthète est à l’origine de lieux tokyoïtes intemporels et racés, où s’illustrent ses dévorantes passions: la cuisine dans le restaurant Higashi-Yama, les délicates (confiseries) des deux adresses Higashi – à Ginza et à Omotesando –, le lien avec la nature dans son restaurant Yakumo Saryo, maison cernée de pruniers dans le quartier de Meguro ou encore le rituel du thé perché dans le bar-écrin du Sakurai Japanese Tea Experience. Synthèse de ces activités en un unique lieu parisien, Ogata (un nom qui associe deux caractères: le kanji de la nature originelle et celui de l’ingéniosité humaine) est, d’après lui, un hommage moderne et sensible qui a mobilisé de nombreux savoir-faire du Japon pour mettre en lumière sa culture millénaire. Disséminés un peu partout, les panneaux de bois festonnés suivant une technique séculaire que seule une poignée d’artisans est formée à exécuter, ne sont qu’un infime exemple de ce sur-mesure extravagant. La maison est ordonnée selon cinq piliers fondateurs – le thé, la cuisine, l’artisanat, la culture et, enfin, l’hospitalité ou . Cette dernière se vit bien plus comme une manière de percevoir, Derrière la lourde porte qui semble s’ouvrir à la dérobée, un puissant monolithe sculpté dans la pierre brute et le bruit de l’eau qui s’en écoule suggèrent le voyage à venir, une invi tation à ralentir, une parenthèse. Passé ce sas, le lieu subjugue par sa théâtralité. Sous une verrière, l’atrium dessert quatre niveaux en une succession d’espaces, ici nimbés de clarté, là tapis dans l’ombre qui confine au secret. Plâtre au fini mat et lumineux ou mortier faussement brut, tomettes d’un noir d’encre ou parois recouvertes de cuivre miroir, casiers de paulownia accueillant des thés rares ou une vaisselle en bambou compostable Wasara, verre à saké en cristal de Bohême ou assises finement tressées de papier, Shinichiro Ogata est cet homme-orchestre qui en a pensé ou dessiné les moindres usages, techniques et objets spécialement pour l’endroit ou via son studio de design, Simplicity. Le thé et sa cérémonie sont au cœur du réacteur. Dans l’intimité de pierre de la cave, la gestuelle du envoûtante d’élégance et de précision, appelle à une contemplation quasi mystique. Pour prolonger chez soi cette choré graphie, on retrouve à la boutique l’effluve de un thé torréfié sous nos yeux (thés rares et infusions sont proposés au gré des saisons) et, à l’Atelier, des dizaines d’objets vernaculaires, de la vaisselle et autres ouvrages hautement désirables (parmi lesquels la collection S[es] d’objets conçue par notre hôte). Quant aux et autres , douceurs à base de pâte de haricot servies avec une tasse de thé, elles sont ici alignées tels des trésors d’orfèvrerie. On est tenté de convoquer Junichiro Tanizaki dans son « »
